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double codage

Mais le rapport du langage à la peinture est un rapport infini […] Ils sont irréductibles l'un à l'autre : on a beau dire ce qu'on voit, ce qu'on voit ne loge jamais dans ce qu'on dit, et on a beau faire voir, par des images, des métaphores, des comparaisons, ce qu'on est en train de dire, le lieu où elles resplendissent n'est pas celui que déploient les yeux, mais celui que définissent les successions de la syntaxe. Or le nom propre, dans ce jeu, n'est qu'un artifice : il permet de montrer du doigt, c'est-à-dire de passer subrepticement de l'espace où l'on parle à l'espace où l'on regarde, c'est-à-dire de les refermer commodément l'un sur l'autre comme s'ils étaient adéquats […] Peut-être y a-t-il, dans ce tableau de Velázquez, comme la représentation de la représentation classique, et la définition de l'espace qu'elle ouvre.

Auteur: Foucault Michel

Info: Les mots et les choses, introduction

[ philosophie ] [ écriture ] [ peinture ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

peur

Ceci seulement. Pyrrho le Philosophe, se trouvant un jour de grande tourmente dans un bateau, montrait ceux qu'il voyait les plus effrayés autour de lui, et les encourageait par l'exemple d'un pourceau, qui y était, nullement soucieux de cet orage. Oserons-nous donc dire que cet avantage de la raison, de quoi nous faisons tant de fête, et pour le respect duquel nous nous tenons maîtres et empereurs du reste des créatures, ait été mis en nous pour notre tourment ? A quoi faire la connaissance des choses, si nous en perdons le repos et la tranquillité, où nous serions sans cela, et si elle nous rend de pire condition que le pourceau de Pyrrho ? L'intelligence qui nous a été donnée pour notre plus grand bien, l'emploierons nous à notre ruine, combattant le dessein de nature, et l'universel ordre des choses, qui porte que chacun use de ses outils et moyens pour sa commodité ?

Auteur: Montaigne Michel Eyquem de

Info: Essais, Garnier 1962, t.1 p.51 livre I chap.XIV

[ maîtrise ]

 

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blasphème

Combien j’exècre, Seigneur, la turpitude de ton œuvre et ces larves sirupeuses qui t’encensent et te ressemblent ! Te haïssant, j’ai échappé aux sucreries de ton royaume, aux balivernes de tes fantoches. Tu es l’étouffoir de nos flammes et de nos révoltes, le pompier de nos embrasements, le préposé à nos gâtismes. Avant même de t’avoir relégué dans une formule, j’ai piétiné tes arcanes, méprisé tes manèges et tous ces artifices qui te composent une toilette d’Inexplicable. Tu m’as dispensé avec largesse le fiel que ta miséricorde épargna à tes esclaves. Comme il n’y a de repos qu’à l’ombre de ta nullité, il suffit au salut de la brute de s’en remettre à toi ou à tes contrefaçons. De tes acolytes ou de moi, je ne sais qui plaindre le plus : nous venons tous en ligne droite de ton incompétence : brin, bripe, bricole, - vocables de la Création, de ton cafouillage…

Auteur: Cioran Emil Michel

Info: Dans "Précis de décomposition" in Œuvres, éditions Gallimard, 1995, page 704

[ créateur-par-créature ] [ insoumission ] [ reniement ] [ sacrilège ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

censure

La conviction que la vérité, autant qu'elle existe, ne peut être que partagée et contingente, fonde la sagesse du bibliothécaire. Sinon un seul livre suffirait, comme ce fut longtemps le cas. La légende que des historiens musulmans malveillants ont rapportée à propos du sultan Omar est un contre-exemple de l'esprit de la bibliothèque : après la prise d'Alexandrie par les Arabes, les lieutenants d'Omar lui demandaient ce qu'ils devaient faire des milliers de livres que contenaient les célèbres bibliothèques. Il aurait alors répondu : "S'ils répètent ce qui est dit dans le Coran, ils sont inutiles. S'ils le contredisent, ils sont nuisibles." Il est évident qu'Omar n'avait pas besoin de bibliothécaire.
Le bibliothécaire est par définition tolérant. Il vit de la multiplicité et de la diversité des opinions. Il encourt aussitôt la suspicion d'attentisme, d'opportunisme, voire de compromission. Car il sait bien, le bibliothécaire, que sa bibliothèque ne contient pas tous les livres.

Auteur: Melot Michel

Info: La sagesse du Bibliothécaire

[ historique ]

 

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religions

J’accuse l’Eglise d’utiliser les hommes comme des instruments, au service de son pouvoir. Je n’en veux a aucun de ces hommes-là, pris un a un. Ils sont captifs d’un système, de l’idéologie la plus meurtrière que l’humanité ait secrétée. Quelles que soient les Eglises, elles se valent toutes : catholique, musulmane, bouddhiste… Machines à broyer.
J’accuse l’Eglise de puiser à la pelle dans ce qu’il y a de plus beau, de plus fragile en nous, et de plus dérisoire : l’idéalisme, notre besoin de noblesse, de droiture, de pureté. Ce qui fait l’homme diffèrent de l’animal.
J’accuse l’Eglise, surtout, de nous avoir privés de ce bien essentiel, indispensable à nos vies et à nos sociétés : Dieu. Pour établir par-dessus lui les murailles de sa domination.
Oui, finalement l’Eglise nous a volé Dieu, à son profit exclusif. Et qui donc, désormais nous le rendra accessible ? Où le trouverons-nous, dans sa fraîcheur et sa nouveauté ?

Auteur: Michel Benoît

Info: Prisonnier de Dieu

[ sectes ] [ pouvoir ]

 

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superficialité

Notre époque nihiliste se caractérise, entre autres choses, par une défaite de la réflexion et un triomphe de la moraline. La moraline est cette substance toxique des gens qui n’abordent plus le monde qu'en pantins manichéens tout juste capables de dire : je like ou je nique...

On ne se pose plus la question du pourquoi et du comment des choses, autrement dit de leur généalogie, mais on martèle qu'on adore ou qu'on vomit, disons-le dans le sabir du jour : qu'on kiffe ou qu'on invite à "manger ses morts".

C'est le degré zéro de l'humanité, le temps du cerveau reptilien qui décide de l’action binaire : on bave d’amour ou on bave de haine. Dans les deux cas, dépourvu de cerveau, on n’est plus qu’une bouche qui bave. Un ver annelé qui mange et qui défèque. Darwin n’avait pas prévu que l’évolution conduirait à cette transformation de l'homme en ténia.

Auteur: Onfray Michel

Info: Foutriquet

[ internet ] [ irréflexion ] [ PNL ] [ culture de la pulsion ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

temps

— Comment ? Il y a un intervalle de 14 heures réel-les écoulées et j'ai seulement l'impression que 4 heures se sont passées ? C'est extraordinaire. Ça me paraît tout à fait irréel que des jours qui sont relativement mornes — je trouve que 4 heures c'est déjà long et elles équivaudraient à 14 heures réelles ? Ah, non, ce n'est pas possible. Je t'assure que je me trouve là devant un problème intellectuel terrible. Moi, je ne peux pas imaginer ça. Mais, est-ce que tu te rends compte ce que c'est ? Penser, vivre pendant 4 heures alors que tu en as vécu 14 ? Ça fait : trois fois quatre égalent douze, ça fait plus de trois fois plus, c'est-à-dire mon temps abstrait est trois fois plus court que le temps réel qui est mesuré par les horloges, dans cet exemple-là, dans l'exemple de la journée d'hier. Dans l'ensemble, mon temps abstrait vaut la moitié de la durée réelle.

Auteur: Siffre Michel

Info: Hors du temps , p. 260

[ relatif ] [ spéléo ]

 

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femmes-hommes

Sexe: les hommes et les femmes sont-ils encore faits pour vivre ensemble?" Aussitôt on hume la question qui pue. Depuis la fin de ma puberté, je m'étais juré de ne plus adresser la parole à quiconque commence une phrase par "les femmes ceci" ou "les hommes cela", alors les deux à la fois! On pressent d'emblée, selon l'expression d'un de mes vénérés directeurs, qu'en posant la question de cette façon "on va enfoncer des portes ouvertes avec sa tête". Les femmes sont bavardes et passent leur temps dans les boutiques, les hommes sont cons et égoïstes, ils confondent leur bite et leur bagnole, les femmes n'ont pas le sens de l'orientation, les hommes n'ont pas le sens des petits détails, ce genre de choses. Comme on est sur Arte, on élève d'un cran le débat, à défaut d'ébats. Ça donne: femmes et hommes ne sont pas faits pareil. Ce point ne vous avait pas échappé?.

Auteur: Pracontal Michel de

Info: commentaire d'une soirée thématique sur Arte, Télé-Obs, 6 avril 2000

[ Médiatiques ]

 

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spéléologie

Comme dans l'espace cosmique le silence absolu règne dans les cavernes. Or, l'homme est habitué à vivre dans une ambiance sonore où les stimuli auditifs agissent constamment sur son cerveau. S'il en est privé, son attention intellectuelle est tournée vers les bruits de son organismes tels que les pulsations du cœur ou sa respiration et son moral peut se dégrader à plus ou moins brève échéance car le silence peut devenir insupportable.
Pendant mon séjour, l'ambiance sonore a été perturbée par des chutes de glace et de rochers qui ont provoqué une tension émotionnelle proche de celle que peuvent ressentir les cosmonautes au moindre événement inattendu, comme celle des petits aérolites qui peuvent heurter l'enveloppe protectrice du satellite.
A ce manque d'informations auditives s'ajoute, plus grave encore, la privation des stimuli visuels. Sous terre comme dans le cosmos le regard dans la nuit absolue et non rayonnante, ne donne pas la sensation de profondeur de l'espace.

Auteur: Siffre Michel

Info: Hors du temps, p. 297

[ isolement complet ] [ obscurité ]

 

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folie individuelle

Comment imaginer la vie des autres, alors que la sienne paraît à peine concevable ? On rencontre un être, on le voit plongé dans un monde impénétrable et injustifiable, dans un amas de convictions et de désirs qui se superposent à la réalité comme un édifice morbide. S’étant forgé un système d’erreurs, il souffre pour des motifs dont la nullité effraie l’esprit et se donne à des valeurs dont le ridicule crève les yeux. Ses entreprises sembleraient-elles autre chose que vétilles, et la symétrie fébrile de ses soucis serait-elle mieux fondée qu’une architecture de balivernes ? A l’observateur extérieur, l’absolu de chaque vie se dévoile interchangeable, et toute destinée, pourtant inamovible dans son essence, arbitraire. Lorsque nos convictions nous paraissent les fruits d’une frivole démence, comment tolérer la passion des autres pour eux-mêmes et pour leur propre multiplication dans l’utopie de chaque jour ? Par quelle nécessité celui-ci s’enferme-t-il dans un monde particulier de prédilections, celui-là dans un autre ?

Auteur: Cioran Emil Michel

Info: Dans "Précis de décomposition" in Œuvres, éditions Gallimard, 1995, page 595

[ singularité ] [ incompréhensible ] [ bouffonnerie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson