Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 1761
Temps de recherche: 0.0404s

droit d'entrée

Pour que je puisse toucher des honoraires aux États-Unis, les universités invitantes doivent m’adresser un formulaire IAP66, prélude à l’obtention du visa J1. [...]

L’obtention du visa de travail J1 constitue en réalité le premier vrai contact avec le rêve américain. Le service compétent de l’ambassade ne dispose d’aucun téléphone, à l’exception d’un serveur Audiotel (8,93F/appel + 2,23F/minute), qui donne des informations intéressantes sur la démocratie, mais omet certains détails comme les heures d’ouverture (huit heures trente à onze heures). Après un premier déplacement infructueux et une heure d’attente à l’extérieur sous une pluie glaciale, je suis enfin admis à remplir un questionnaire bizarre. Je n’ai pris part à aucun génocide, ni crime contre l’humanité : je ne fais partie d’aucune organisation terroriste, ni n’envisage d’assassiner le président des États-Unis ; jusque-là, donc, tout va bien.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: "Lanzarote", Librio, 2021, pages 66-67

[ démarches administratives ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

amorce

"Un paradoxe auquel je m'étais déjà heurté à l'âge de seize ans : si je poursuis un rayon de lumière à la vitesse c (vitesse de la lumière dans le vide), j'observerais ce rayon comme un champ électromagnétique au repos, bien que d'un point de vue spatial il soit oscillatoire. Cependant cela ne semble possible ni en termes d'expérience, ni en partant des équations de Maxwell. Dès le début, j'eus la conviction intuitive que, pour un tel observateur, tout se passerait selon les mêmes lois que pour un observateur au repos par rapport à la Terre. Car comment le premier observateur pourrait-il savoir, ou comment pourrait-il arriver à déterminer, qu'il se trouve dans un état de mouvement rapide et uniforme ?" "On voit, ajoute-t-il, que le germe de la théorie de la Relativité restreinte est déjà contenu dans ce paradoxe".

Auteur: Paty Michel

Info: Einstein philosophe : La physique comme pratique philosophique

[ déclic ] [ physique théorique ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

âme-esprit

C’est en effet à lui [Descartes] que l’on doit d’avoir définitivement assis la subversion sémantique la plus funeste de tous les temps : celle demandant de croire que le mot esprit sert à désigner de la substance psychique, alors que son étymologie originelle est exactement à l’opposé. La subversion cartésienne est d’ailleurs très habile. Elle se décompose en deux mouvements. Dans le premier, R. Descartes au moment où il écrit son Traité de l’homme, évacue de la définition de l’humain ce qui est signifié par le mot esprit. Et dans un deuxième, ce qui revient à une parfaite élimination du signifiant lui-même, l’auteur du Discours de la méthode écrit avec l’immense autorité qui est la sienne : "Car je ne considère pas l’esprit comme une partie de l’âme, mais comme cette âme tout entière qui pense." Les jeux sont dès lors faits.

Auteur: Fromaget Michel

Info: La drachme perdue, éditions Grégoriennes, 2010, page 10

[ indifférenciation ] [ réductionnisme ] [ dualisme ] [ sécularisation ] [ philosophie ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

autodestruction

On ne peut apporter à l'encontre du suicide que ce type d'argument : il n'est pas naturel de mettre fin à ses jours avant d'avoir montré jusqu'où l'on peut aller, jusqu'où l'on peut s'accomplir. Bien que les suicidés croient en leur précocité, ils consument un acte avant d'avoir atteint la maturité, avant d'être mûrs pour une destruction voulue. On comprend aisément qu'un homme souhaite en finir avec la vie. Mais que ne choisit-il le sommet, le moment le plus faste de sa croissance ? Les suicides sont horribles pour ce qu'ils ne sont pas faits à temps ; ils interrompent un destin au lieu de le couronner. L'on doit cultiver sa fin. Pour les Anciens, le suicide était une pédagogie ; la fin germait et fleurissait en eux. Et lorsqu'ils s'éteignaient de bon gré, la mort était une fin sans crépuscule.

Auteur: Cioran Emil Michel

Info: Le crépuscule des pensées 1940/OEuvres/Quarto Gallimard, p.392

[ initiatique ]

 

Commentaires: 0

paranormal

Ils annonçaient clairement la couleur puisqu’il y avait écrit en gros sur la première page : "RELIGION RAÉLIENNE". J’avais déjà entendu parler de cette secte : elle était dirigée par un certain Claude Vorilhon, ancien chroniqueur sportif dans un journal local – "La Montagne" de Clermont-Ferrand, je crois. En 1793, il avait rencontré des extraterrestres lors d’une excursion dans le cratère du puy de Lassolas. Ceux-ci se faisaient appeler les Elohim ; ils avaient créé l’humanité en laboratoire, bien des millions d’années auparavant, et suivaient de loin l’évolution de leurs créatures. Naturellement ils avaient délivré un message à Claude Vorilhon, celui-ci avait abandonné son métier de chroniqueur sportif, s’était rebaptisé Raël et avait créé le mouvement raélien dans la foulée. Une des missions qui lui avaient été confiées était de bâtir l’ambassade qui servirait à accueillir les Elohim lors de leur prochain passage terrestre.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: "Lanzarote", Librio, 2021, page 34

[ historique ] [ fondateur ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

pessimisme

Ils répètent  ensemble : "nous sommes, nous sommes, parce que nous savons, parce que nous pouvons nous dire les mots de la connaissance, de la conscience libre et absolue".  Ainsi, se stupéfient-ils les uns les autres.

N'ayant rien et ne pouvant rien donner, ils se laissent aller à des mots qui feignent la communication, car aucun d'entre eux ne peut faire de son monde le monde des autres ; ils feignent des mots contenant l'absolu du monde, et avec ces termes ils nourrissent leur ennui, cataplasme contre la douleur ; avec des mots ils montrent ce qu'ils ne savent pas et ce dont ils ont besoin pour apaiser la douleur ou s'y engourdir. Chaque mot contient du mystère, et les voilà qui s'abandonnent à eux, tissant ainsi un voile supplémentaire, tacitement convenu, sur l'obscurité : "ornements des ténèbres".

Auteur: Michelstaedter Carlo

Info: Persuasion and Rhetoric

[ voile linguistique ] [ limitation ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

teintes

- Résumons : six couleurs de base, cinq demi-couleurs en comptant le gris... Ensuite ?

- Pendant longtemps, le vocabulaire n'a probablement pas eu beaucoup d'autres termes. On percevait bien des nuances, mais on n'avait guère besoin de les nommer dans le langage courant. Onze couleurs, avec toutes les combinaisons possibles, c'est déjà beaucoup ! Ensuite, entre dans un troisième groupe, le domaine des nuances, que l'on obtient soit en associant deux termes de couleurs (gris-bleu, rose-orangé), soit en fabriquant des mots. Grande différence : les nuances, elles, ne sont pas porteuses de symboles. Elles n'ont qu'une signification esthétique : si le violet a une symbolique, la nuance lilas n'en a pas. Leur identité est aussi plus imprécise : "lilas" désigne chez nous une couleur bleu pâle ; chez les allemands, c'est un violet soutenu qui tire vers le rouge.

Auteur: Pastoureau Michel

Info: Le petit livre des couleurs

[ dissemblances ethniques ] [ linguistique ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

domestication

Le féminisme est cette idéologie qui consacre une nouvelle et terrible ségrégation dans le sexe féminin. Ségrégation de classe qui organise deux destins de femme.

Celles qui parviennent, arrivent. Qui s’intègrent à la dynamique du système. Celles qui ont droit aux essais et erreurs. Aux expériences non seulement permises mais recommandées. Et qui, en définitive, réussissent ou réussiront leurs mariages, leurs enfants, leurs carrières. Et celles pour qui l’avortement, le divorce, le travail-chômage sont de terribles drames, des traumatismes irrécupérables, des épreuves insurmontables. [...]

Le système a su gérer magistralement cet échec. Grâce à ses lois “sociales” qui empêchent ces femmes de s’insurger. Il a su récupérer le négatif par une bonne gestion de l’échec : un bon avortement, un bon divorce, un bon chômage. Toute une population féminine est assurée de “réussir” ses échecs. Au prix d’une insatisfaction profonde.

Auteur: Clouscard Michel

Info: Dans "Le capitalisme de la séduction"

[ attitude conquérante ] [ consumérisme ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

science-fiction

Depuis longtemps, me semblait-il, je ne m'étais pas retrouvé avec Gardienne au bord de la falaise. Ce jour-là, peu après les derniers grands froids, un panneau de brume était posé sur la mer, dense et immobile comme un écran de fumée neurotrope à la veille d'un engagement. Sur la droite, pourtant, au-delà des ruines de l'ancien port de pêche, je commençais à distinguer la ville.
Elle était à moins de quatre kilomètres de distance à vol d'oiseau, de l'autre côté de la rade. Par la terre, dans mon état, cela représentait deux longues journées de marche.
Je me suis assis sur l'un des bidons à tête de mort. Après toutes ces années, l'inscription en allemand était toujours aussi nette. Elle indiquait les différents rayons d'action du gaz en fonction de l'atmosphère locale.
La lumière du petit soleil mesquin était encore orangée, à cette heure...

Auteur: Demuth Michel

Info: Sigmaringen

[ post-apocalyptique ] [ paysage ]

 

Commentaires: 0

inaction

À quoi bon installer la 5G si l’on n’arrivait simplement plus à rentrer en contact, et à accomplir les gestes essentiels, ceux qui "permettent à l’espèce humaine de se reproduire, ceux qui permettent aussi, parfois, d’être heureux ?" Il redevenait capable de penser, sa réflexion prenait même un tour presque philosophique, constata-t-il avec dégoût. À moins que tout cela ne relève de la biologie, ou de rien du tout, il allait retourner se coucher finalement, c’était la seule chose à faire, sa réflexion était condamnée à tourner à vide, il se sentait comme une boîte de bière écrasée sous les pieds d’un hooligan britannique, ou comme un beefsteak abandonné dans le compartiment légumes d’un réfrigérateur bas de gamme, enfin il ne se sentait pas très bien. Pour ne rien arranger, il recommençait à avoir mal aux dents ; est-ce que c’était psychosomatique, finalement, tout ça ?

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Anéantir, p.366

[ aquoibonisme ] [ laisser-aller ]

 
Commentaires: 1
Ajouté à la BD par Bandini