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ambition

On ne vole point des mêmes ailes pour sa fortune que l'on fait pour des choses frivoles et de fantaisie. Il y a un sentiment de liberté à suivre ses caprices, et tout au contraire de servitude à courir pour son établissement : il est naturel de le souhaiter beaucoup et d'y travailler peu, de se croire digne de le trouver sans l'avoir cherché.

Auteur: La Bruyère Jean de

Info: Les Caractères /Oeuvres/la Pléiade/Gallimard 1951 <p.142 IV 59>

 

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durée

Ceux qui emploient mal leur temps sont les premiers à se plaindre de sa brièveté ; comme ils le consument à s'habiller, à manger, à dormir, à de sots discours, à se résoudre sur ce qu'ils doivent faire, et souvent à ne rien faire, ils en manquent pour leurs affaires ou pour leurs plaisirs ; ceux au contraire qui en font un meilleur usage, en ont de reste.

Auteur: La Bruyère Jean de

Info: Les Caractères, OEuvres, la Pléiade, nrf Gallimard 1951 <p.375 XIII, 101>

[ efficacité ] [ activité ]

 

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rapports humains

L'esprit de la conversation consiste bien moins à en montrer beaucoup qu'à en faire trouver aux autres : celui qui sort de votre entretien content de soi et de son esprit, l'est de vous parfaitement. Les hommes n'aiment point à vous admirer, ils veulent plaire ; ils cherchent moins à être instruits, et même réjouis, qu'à être goûtés et applaudis ; et le plaisir le plus délicat est de faire celui d'autrui.

Auteur: La Bruyère Jean de

Info: Les Caractères, Oeuvres, la Pléiade, nrf Gallimard 1951 <p.155 V, 16>

[ dialogue ] [ écoute ]

 

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rapports humains

Du même fonds d'orgueil dont l'on s'élève fièrement au-dessus de ses inférieurs, l'on rampe vilement devant ceux qui sont au-dessus de soi. C'est le propre de ce vice, qui n'est fondé ni sur le mérite personnel ni sur la vertu, mais sur les richesses, les postes, le crédit, et sur de vaines sciences, de nous porter également à mépriser ceux qui ont moins que nous de cette espèce de biens, et à estimer trop ceux qui en ont une mesure qui excède la nôtre.

Auteur: La Bruyère Jean de

Info: Les Caractères ou les moeurs de ce siècle, Des biens de fortune, 57

[ calcul ] [ ambition ]

 

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rapports humains

C’est avoir fait un grand pas dans la finesse, que de faire penser de soi que l’on n’est que médiocrement fin.
La finesse n’est ni une trop bonne ni une trop mauvaise qualité : elle flotte entre le vice et la vertu. Il n’y a point de rencontre où elle ne puisse, et peut-être où elle ne doive être suppléée par la prudence.
[…]
Avec les gens qui par finesse écoutent tout et parlent peu, parlez encore moins ; ou si vous parlez beaucoup, dites peu de chose.

Auteur: La Bruyère Jean de

Info: Les Caractères ou les moeurs de ce siècle, De la cour : 85.

[ méfiance ] [ réserve ]

 

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praticien

Il y a déjà longtemps que l'on improuve les médecins, et que l'on s'en sert ; le théâtre et la satire ne touchent point à leurs pensions ; ils dotent leurs filles, placent leurs fils aux parlements et dans la prélature, et les railleurs eux-mêmes fournissent l'argent. Ceux qui se portent bien deviennent malades, il leur faut des gens dont le métier soit de les assurer qu'ils ne mourront point : tant que les hommes pourront mourir, et qu'ils aimeront à vivre, le médecin sera raillé et bien payé.

Auteur: La Bruyère Jean de

Info: Les Caractères, la Pléiade/nrf 1951<p.427 XV, 65>

[ toubib ]

 

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idiome

Les langues sont la clef ou l'entrée des sciences, et rien davantage ; le mépris des unes tombe sur les autres : il ne s'agit point si les langues sont anciennes ou nouvelles, mortes ou vivantes, mais si elles sont grossières ou polies, si les livres qu'elles ont formés sont d'un bon ou d'un mauvais goût. Supposons que notre langue pût un jour avoir le sort de la grecque et de la latine, serait-on pédant, quelques siècles après qu'on ne la parlerait plus, pour lire Molière ou La Fontaine ?

Auteur: La Bruyère Jean de

Info: Les Caractères, Oeuvres, la Pléiade/Gallimard 1951 <p.349 XIII 19>

[ question ] [ postérité ]

 

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spécialisation

Appellerai-je homme d’esprit celui qui, borné ou renfermé dans quelque art, ou même dans une certaine science qu’il exerce dans une grande perfection, ne montre hors de là ni jugement, ni mémoire, ni vivacité, ni mœurs, ni conduite, qui ne m’entend pas, qui ne pense point, qui s’énonce mal : un musicien, par exemple, qui, après m’avoir enchanté par ses accords, semble s’être remis avec son luth dans un même étui, ou n’être plus, sans cet instrument, qu’une machine démontée à qui il manque quelque chose, et dont il n’est plus permis de rien attendre.

Auteur: La Bruyère Jean de

Info:

[ question ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

égoïste

Laissez faire Ergaste, et il exigera un droit de tous ceux qui boivent de l’eau de la rivière, ou qui marchent sur la terre ferme : il sait convertir en or jusques aux roseaux, aux joncs et à l’ortie. […] C’est une faim insatiable d’avoir et de posséder. Il trafiquerait des arts et des sciences, et mettrait en parti jusques à l’harmonie : il faudrait, s’il en était cru, que le peuple, pour avoir le plaisir de le voir riche, de lui voir une meute et une écurie, pût perdre le souvenir de la musique d’Orphée, et se contenter de la sienne.

Auteur: La Bruyère Jean de

Info: Les Caractères ou les moeurs de ce siècle, Des biens de fortune, 28

[ avide ] [ mercantile ] [ consumériste ]

 

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masque

La modestie n'est point, ou est confondue avec une chose toute différente de soi, si on la prend pour un sentiment intérieur qui avilit l'homme à ses propres yeux, et qui est une vertu surnaturelle qu'on appelle humilité. L'homme, de sa nature, pense hautement et superbement de lui-même, et ne pense ainsi que de lui-même : la modestie ne tend qu'à faire que personne n'en souffre ; elle est une vertu du dehors, qui règle ses yeux, sa démarche, ses paroles, son ton de voix, et qui le fait agir extérieurement avec les autres comme s'il n'était pas vrai qu'il les compte pour rien.

Auteur: La Bruyère Jean de

Info: Les Caractères, Oeuvres, la Pléiade, Gallimard 1951 <p.313 XII, 69>

 

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