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beauté

À son dernier cours, ou à l'avant-dernier, Valéry a donné cette définition du Beau : "Le Beau, c'est le rare." On reconnaît bien là le précieux, le fabricant de poésie qu'est Valéry. Sa définition est aussi sotte que fausse, et que néfaste à propager. Le rare, c'est le fabriqué, le maniéré, le compliqué, le torturé, l'artificiel dans toute son acception. Quand on sait que les poèmes de Mallarmé, sous leur vocabulaire quintessencié, ont pour sujet (en clair) les motifs les plus plats et ainsi ne sont rares que par leurs chinoiseries de mots et de syllabes, cela en dit long sur ce qu'entend et propose la définition de Valéry.

Auteur: Léautaud Paul

Info: Journal littéraire, Mercure de France 1986

[ vacherie ]

 

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lecture

Avoir lu, connaître, les poètes, les prosateurs connus, célèbres : Vigny, Musset, Lamartine, Baudelaire, Flaubert, Balzac, aucun mérite. Rien d'assommant comme les gens qui font étalage, dans leur conversation, de ce genre de livres, mais avoir lu, connaître les auteurs demeurés sans grande notoriété : voilà la vraie curiosité de l'esprit et du goût. Entre les premiers et les seconds, la même différence qu'entre les gens qui aiment la foule et ceux qui préfèrent la solitude, ceux qui se plaisent à sortir le dimanche et ceux, au contraire, qui, ce jour-là, restent chez eux, ceux qui ont besoin en tout d'un guide et d'un exemple et ceux qui vont d'eux-mêmes aux découvertes.

Auteur: Léautaud Paul

Info: 24 octobre 1930 II p.635

[ classiques ]

 

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rigoler

Je pensais ce soir, et je l'ai recherché, pour le plaisir d'en lire les mots, au mot de Chamfort : La plus perdue de toutes les journées est celle où on n'a pas ri. Quelle merveille, ce mot ! Que de choses il contient, il exprime. De quelle extrême sensibilité il est né ! Et combien de gens aujourd'hui connaissent Chamfort, - heureusement ! Et il n'y a pas même une plaque sur la maison dans laquelle il est mort ! Et les manuels littéraires font si petit cas de lui ! Je le répéterai une fois de plus : il est à mettre à côté, et à égalité, de La Rochefoucauld.

Auteur: Léautaud Paul

Info: 23 Juin 1942 III p.630

[ célébration ] [ hommage ]

 

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guerre

L'apothéose de la guerre continue dans les journaux avec tous les dithyrambes à propos du Maréchal Foch. Les hommes sont serviles incurablement. Ils ont besoin d'admirer et de se courber. Le "chef" en quelque domaine que ce soit, surtout dans le domaine militaire, est pour eux d'une essence supérieure à la leur et ils vont, dans cette vénération, jusqu'au sacrifice. Ces discours, ce cortège, cette apothéose sur des milliers de morts, ces anciens combattants fiers de s'exhiber et avides de saluer la dépouille de leur chef, il n'y a pas à dire, il y a là une idolâtrie digne des peuplades les plus sauvages. La vraie civilisation est encore loin, si elle vient jamais.

Auteur: Léautaud Paul

Info: Journal, Mercure de France 1986 27 mars 1929 II p.233-234

[ hiérarchisée ]

 

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éloge

Il n'y a qu'un seul grand écrivain aujourd'hui, c'est M. François Mauriac. Je n'ai pas lu un seul de ses romans. Ses articles me suffisent. On sent que ce qu'il écrit lui tient à la chair, c'est vraiment lui. C'est le véritable écrivain, celui dont les écrits expriment à ce point l'homme qu'il est. La littérature extérieure à son auteur est sans intérêt. Je sens que M. Mauriac doit faire chaque jour son examen de conscience et qu'il n'en est pas toujours satisfait, comme son esprit, changeant, versatile, se donnant, se reprenant, au hasard des jours et des circonstances, brûlant ce qu'il a adoré, adorant ce qu'il a brûlé, se reniant lui-même. Il est plein d'intérêt.

Auteur: Léautaud Paul

Info: Journal Littéraire 1951

[ écrivain-sur-écrivain ]

 

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être humain

On a inventé les chemins de fer. On a trouvé l'électricité, la télégraphie sans fil, la circulation aérienne et sous-marine, les canons à grande portée et la poudre sans fumée. On voyage plus vite. On a mis de l'air dans les rues et dans les maisons. On se nourrit mieux. Il y a plus de gens qui lisent comme plus de gens qui écrivent (la qualité valait mieux que la quantité). Les malades sont mieux soignés. On ne brûle plus les impies ni les libertins (encore qu'il y ait l'antisémitisme et le lynchage des nègres). Le progrès s'arrête là. Purement matériel. Rien de moral. On n'a pas amélioré les hommes, qui sont ce qu'ils ont toujours été et seront toujours.

Auteur: Léautaud Paul

Info:

[ progrès ] [ matérialisme ] [ désillusion ]

 

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christianisme

La religion catholique, - je ne connais que celle-là, - m'a toujours paru d'une singulière morale et les gens qui croient de curieux phénomènes.

Sort heureux, celui de cet homme touché de la grâce, qui peut commettre toutes les fautes et s'en faire laver ensuite au confessionnal. [...]

Il me faut l'avouer : Je ne crois pas avoir jamais eu besoin d'absolution pour les actes de ma vie. Mais si je devais me transformer en fripon, je n'hésiterais pas : je me tournerais vers Dieu et me ferais catholique pratiquant. En me confessant seulement tous les huit jours, je pourrais m'assurer une conscience pure et un bon vernis d'honnête homme.







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Auteur: Léautaud Paul

Info: Le Théâtre de Maurice Boissard, tome I (1907-1923) Juin 1911

[ rédemption ] [ facilité ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

obligation

Le devoir est une chose triste, laide, inventée pour abêtir et duper les hommes. Rien que le mot est disgracieux. Il éveille la contrainte, l'ennui. Il n'y a que les sots pour le prendre au sérieux. Regardez la figure niaise d'un homme qui se félicite d'accomplir son devoir. Voyez comme sont peu aimables les femmes qui n'ont jamais oublié leur devoir. Rappelez-vous toutes les phrases hypocrites et creuses avec lesquelles on célèbre le devoir. Il en est du devoir comme de la vertu : chose et mot, c'est haïssable. Le plaisir est bien autrement important. Il ne faut jamais hésiter à le faire passer avant. La vie est si courte, si rapide ! Serons-nous encore là demain ? Il faut détester tout ce qui, sous une forme ou une autre, s'oppose au plaisir.

Auteur: Léautaud Paul

Info: Le théâtre de Maurice Boissard, Oeuvres, Mercure de France 1988, p.1639

[ négatif ]

 

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médias

Extraordinaire affaire de la fausse nouvelle donnée hier soir par les journaux, d'après une dépêche américaine, l'Intransigeant et la Presse en tête, de l'arrivée à New York des aviateurs Nungesser et Coli, les deux "héros" selon le langage ridicule en cours à notre époque. Et non seulement l'annonce de leur arrivée, mais encore des détails sur leur débarquement et les propos tenus par Nungesser. Ce matin, rien de vrai, et non seulement rien de vrai, mais la plus grande inquiétude sur le sort de ces deux hommes. Quelle douche pour le Paris hystérique d'hier soir ! Le peuple n'a pas changé. Le même qu'au moyen âge. La même superstition, la même idolâtrie, la même crédulité, avec cette abjection en plus : l'hyper orgueil national. Quelles scènes si on annonçait demain la fin du monde.

Auteur: Léautaud Paul

Info: Journal littéraire, Mercure de France 1986, 10 mai 1927 I p.1944

[ emballement ] [ naïveté populaire ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

populistes

Je considère pour ma part comme des forbans ces agitateurs politiques: Mussolini, Hitler, qui chauffent à blanc tout un peuple et le transforment en une foule d’énergumènes prêts pour la tuerie. Que ceux-ci se fassent tuer, puisqu'ils sont assez bêtes pour se laisser monter le coup, il n'y a pas grand mal, mais c'est qu'ils peuvent amener à se faire tuer d'autres qui n'en ont aucune envie. On peut ajouter à Hitler et Mussolini l'odieux reître Pilsudski, le sabreur polonais, qui n'attend qu'une occasion pour ouvrir la danse. On ne sait pas ce que les hommes sont le plus: ou bêtes, ou fous. On se rappelle le mot de Renan constatant l'impuissance des esprits de paix et de conciliation: il n'y a plus qu'à se croiser les bras avec désespoir.


Auteur: Léautaud Paul

Info: Journal littéraire, tome 2 : Juin 1928 - février 1940, Samedi 4 mars 1933

[ distanciation ]

 

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Ajouté à la BD par miguel