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impa-sciences
Il faut prendre garde cependant à ne pas extrapoler trop vite et faire dire n'importe quoi à ce phénomène. De nombreux courants de mysticisme quantique et autres pseudosciences aiment détourner l'intrication du champ des sciences. Certains avancent que la mécanique quantique relierait notre conscience à l'Univers par intrication. Même si la métaphore est séduisante, le phénomène n'a aucun fondement scientifique. Pire, tout ce que nous savons de l'intrication suggère l'inverse.
Car ces gourous d'un genre nouveau oublient que l'intrication est fragile. Déjà, maintenir l'intrication d'une simple paire de photons quelques millièmes de seconde est une gageure. La moindre perturbation sur le chemin détruit le phénomène. Les chinois et leur satellite Mincus en savent quelque chose : ils ont dû envoyer un million de paires avant que l'une d'elles ne parvienne "en vie" aux détecteurs sur Terre. Alors imaginez, dans un cerveau humain à 37 °C, où chaque molécule est en mouvement et en interaction permanente avec ses voisines : comment un quelconque composé chimique pourrait-il s'intriquer aux molécules de l'air environnant, puis de proche en proche avec I'Univers tout entier ?
Auteur:
Bobroff Julien
Années: 1971 -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: physicien, enseignant
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Bienvenue dans la nouvelle révolution quantique
[
illusion technologique
]
humour
On vient de me raconter cette histoire qui ne manque pas de sel.
Deux couples amis habitent deux villas voisines entourées d'un jardin. Dans l'une d'elles, une petite fille possède un hamster auquel elle est très attachée et qui se trouve dans une cage accrochée à l'extérieur de la maison.
Les voisins ont un chien, et un soir, catastrophe : le chien vient déposer à leurs pieds le hamster couvert de salive et de terre. Ils sont consternés et s'avouent qu'ils n'oseront pas aller dire que leur chien vient de tuer le hamster. Alors, ils décident de le laver, et pour qu'il retrouve un beau poil, ils le sèchent avec un sèche-cheveux. La nuit venue, ils vont discrètement le mettre dans sa cage. Ainsi croira-t-on qu'il est mort de sa belle mort.
Le lendemain, ils vont aux nouvelles. La petite fille est maussade et ils lui en demandent la raison.
- Mon hamster est mort.
- Ma pauvre. Tu l'aimais tant.
- On n'arrive pas à comprendre. on l'avait enterré au fond du jardin et on vient de le retrouver dans sa cage.
Auteur:
Juliet Charles
Années: 1934 - 20??
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain, poète
Continent – Pays: Europe - France - Suisse
Info:
Apaisement : Journal VII, 1997-2003
[
animal domestique
]
[
anecdote
]
cauchemar
Ma mère, dont je ne parle qu'avec terreur, me mettait en feu.
Et ce feu est resté dans mes veines. Le jour, il dort, mais, la nuit, il s'éveille, et j'ai des rêves effroyables. En présence de M. Lepic qui lit son journal et ne nous regarde même pas, je prends ma mère qui s'offre et je rentre dans ce sein d'où je suis sorti. Ma tête disparaît dans sa bouche. C'est une jouissance infernale. Quel réveil douloureux, demain, et comme toute la journée je serai triste ! Aussitôt après, nous redevenons ennemis. C'est maintenant moi le plus fort. De ces bras dont je l'enlaçais passionnément, je la jette à terre, l'écrase ; je la piétine, et je lui broie la figure sur les carreaux de la cuisine.
Mon père inattentif continue de lire son journal.
Je jure que, si je savais que cette nuit encore je ferai ce rêve, au lieu de me coucher et de m'endormir je m'enfuirais de ma maison. Je marcherais jusqu'à l'aurore, et je ne tomberais pas de fatigue, car la peur me tiendrait debout, tout suant et tout courant.
Auteur:
Renard Jules
Années: 1864 - 1910
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
journal 18 oct 1896
[
angoisse
]
[
littérature
]
lâcher prise
La rêverie n’est pas toujours et de bout en bout matérielle, liée qu’elle est, comme le pense Gaston Bachelard (elle l’est sans doute le plus souvent) à l’emprise de quelque génie élémentaire qui s’éveillerait dans la matière comme son cœur noir. La rêverie fascinée — la plus exclusive, la plus obsédante de toutes — conduit sans doute par un chemin descendant, selon une pesanteur spécifique, vers ces régions frontières où l’esprit se laisse engluer par le monde, et presque intégrer dans un de ses règnes. Mais il existe une autre rêverie, plus rare, à laquelle sont liés d’autres privilèges et que signale presque toujours le sentiment de liberté, et souvent d’ubiquité foudroyante qui s’attache aux plus beaux rêves de vol : rêverie ascensionnelle tendant, non vers l’Indistinction finale et vers la sécurité de l’élément, mais plutôt vers la totale liberté d’association qui remet sans trêve dans le jeu les significations et les images : son climat exclusif est la vitesse, et son trajet d’élection le court-circuit. Une légèreté irréelle, un certain sentiment de bonheur aussi dans la légèreté auquel rien ne ressemble, dès qu’on s’y engage s’empare de l’esprit.
Auteur:
Gracq Julien
Années: 1910 - 2007
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Les eaux étroites, p 46-47
[
flottement
]
[
indétermination
]
[
voyage
]
[
hypnagogie
]
cunnilingus
Je me réveillai au son du premier coup de tonnerre ; dans un éclair de lumière blanche, aux côtés d'un homme qui embrassait et suçait mes tétons, une main fourrée entre mes cuisses. Écartant les replis de ma chair pour me pénétrer.
Alors que je gisais là, figée, incrédule, n'osant ni bouger ni respirer, l'homme cessa d'embrasser mes seins et descendit le long de mon ventre nu pour commencer à me lécher doucement, ses mains puissantes soulevant mes fesses pour me livrer à sa bouche. Un mélange féroce de souvenirs s'écoula en moi comme de l'acide : un grand bijou insectoïde dévorant une femme ; des rais de lumière se brisant sur du lichen jaunâtre, clip, clip, le vieux couteau laissant ses indentations dans le ciel de lit en bois. Sentir une langue en moi m'amena au bord de la frénésie ; je ne pouvais le supporter, non, pas cette nuit-là, il y avait si longtemps ; et pourtant, cela se reproduisit une fois de plus, je ne m'en étais pas sortie, non, et...
Ai-je hurlé lorsqu'un autre éclair déchira les ténèbres, me permettant de voir de qui il s'agissait?
Auteur:
Joolz Denby Julianne Mumford
Années: 1955 -
Epoque – Courant religieux: récent et libéralisme économique
Sexe: F
Profession et précisions: poétesse, romancière et artiste graphique
Continent – Pays: Europe - Angleterre
Info:
Billie Morgan
[
gêne
]
scatophilie
S’il fallait trouver un point commun à ce qui se produit de plus chic actuellement, ces œuvres sans art, alors le rejet radical de la beauté et de la hauteur pourrait constituer la caractéristique la plus flagrante. A la phase de déconstructivisme avait succédé un courant ne visant plus qu’à donner la nausée. […] L’art contemporain se résume désormais presque exclusivement à un travail autour des excréments et des organes génitaux, le tout pouvant éventuellement être accompagné de quelques outrages au Christ, par principe. Cet attrait moderne pour l’anus, ce plaisir dans la contemplation de la défécation, ce rire dans la souillure en dit long sur l’époque : incapable de se hisser à la hauteur des œuvres d’antan, le créateur actuel, dans une démarche de stricte vengeance, se trouve réduit à rabaisser et à moquer. De cette affaire, le peuple est absent : personne n’a jamais croisé un ouvrier dans un musée d’art contemporain, et comme celui-ci se trouve réfractaire à venir aux œuvres, les œuvres lui sont imposées sur les ronds-points, les murs et les places publiques, payées par ses impôts. Plus il y a d’État, moins il y a d’art.
Auteur:
Sansonnens Julien
Années: 1979
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain, politicien
Continent – Pays: Europe - Suisse
Info:
"Septembre éternel", Éditions de l’Aire, 2021, p.265 et 266
[
dénigrement
]
[
laideur
]
[
inversion des valeurs
]
ciel nocturne
On entend les étoiles :
Dans l'giron,
Du Patron,
On y danse, on y danse,
Dans l'giron
Du Patron,
On y danse tous en rond.
- Là, voyons, Mam'zell' la Lune,
Ne gardons pas ainsi rancune ;
Entrez en danse et vous aurez
Un collier de soleils dorés.
- Mon Dieu, c'est à vous bien honnête,
Pour une pauvre Cendrillon ;
Mais, me suffit le médaillon
Que m'a donné ma soeur planète.
- Fi ! votre Terre est un suppôt
De la Pensée ! Entrez en fête ;
Pour sûr, vous tournerez la tête
Aux astres les plus comme il faut.
- Merci, merci, j' n'ai que ma mie,
Juste que je l'entends gémir !
- Vous vous trompez, c'est le soupir
Des universelles chimie !
- Mauvaises langues, taisez-vous !
Je dois veiller. Tas de traînées,
Allez courir vos guilledous !
- Va donc, rosière enfarinée !
Hé ! Notre-Dame des gens soûls,
Des filous et des loups-garous !
Metteuse en rut des vieux matous !
Coucou !
Exeunt les étoiles. Silence et Lune. On entend.
Sous l'plafond
Sans fond,
On y danse, on y danse,
Sous l'plafond
Sans fond,
On y danse tous en rond.
Auteur:
Laforgue Jules
Années: 1860 - 1887
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
"Complainte de cette bonne Lune", in "Les Complaintes"
[
tentation
]
[
saynète
]
[
décadent
]
[
poème
]
[
cosmique
]
[
farandole
]
sous-bois
La forêt était courtaude - c'était des bouleaux, des hêtres nains, des frênes, de petits chênes surtout, ramus et tordus comme des poiriers - mais elle paraissait extraordinairement vivace et racinée, sans une déchirure, sans une clairière ; de chaque côté de l'aine et de la Meuse, on sentait que de toute éternité cette terre avait été crépue d'arbres, avait fatigué la hache et le sabre d'abatis par le regain de sa toison vorace. De temps en temps, un layon fuyait à travers les arbres, étroit comme une passée de bête. La solitude était complète, et cependant l'idée d'une rencontre possible ne disparaissait pas complètement ; quelquefois on croyait distinguer dans l'éloignement un homme debout au bord de la chaussée sous sa longue pèlerine : de près, c'était un petit sapin tout noir et carré d'épaules contre le rideau de feuilles claires. La laie devait suivre à peu près la crête du plateau, car on n'entendait de ruisseau nulle part, mais deux ou trois fois Grange aperçut une auge de pierre enterrée au bord du chemin dans un enfoncement des arbres, d'où s'égouttait un mince filet d'eau pure : il ajoutait au silence de forêt de conte.
Auteur:
Gracq Julien
Années: 1910 - 2007
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Un balcon en forêt. p 19
[
silhouette
]
[
paréidolie
]
[
sentier
]
réconfort
Les colis n'étaient pas seulement précieux par leur valeur matérielle. Ils ne contenaient pas seulement des objets et des aliments. C'était souvent, provenant de plusieurs milliers de kilomètres, le salut de la maison natale, une preuve d'amour, un témoignage de fidélité. Chaque objet, soigneusement empaqueté, rayonnait de chaleur et de tendresse. Nous nous sentions de nouveau des hommes et nous découvrions en nous de nouvelles forces pour la résistance. Dans un colis, je trouvais une vieille boite de "thé anglais", en fer-blanc, qui, pendant vingt ans, était resté sur un rayon dans la cuisine de ma mère. La vue de cette boite rouge laquée, avec des geishas et des petits bateaux, me réjouit comme si j'avais retrouvé mon meilleur ami. Et la timbale en émail bleu ! Et mes chaussettes avec mes initiales ! Dans quelle atmosphère de serre, d'amour et de chaleur nous avions vécu jusqu'au jour où le hasard nous jeta sous le pouvoir d'hommes pour qui votre vie n'avait aucune valeur ! Était-ce vraiment le hasard, ou la vie dans les camps, au contraire, n'était-elle pas la véritable école des moeurs humaines tandis que le climat dans lequel nous avions vécu jusqu'alors n'était qu'une exception ?
Auteur:
Margolin Julius
Années: 1900 - 1971
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Russie - Israël
Info:
Voyage au pays des Ze-Ka
[
prison
]
femme-par-homme
Vois, les Steppes stellaires
Se dissolvent à l'aube...
La lune est la dernière
A s'effacer, badaude.
Oh ! que les cieux sont loin et tout ! Rien ne prévaut
Contre cet infini ; c'est toujours trop nouveau !...
Et vrai, c'est sans limite !...
T'en fais-tu une idée,
O jeune Sulamite
Vers l'aurore accoudée !
L'Infini à jamais ! comprends-tu bien cela !
Et qu'autant que ta chair existe un au-delà ?
Non ; ce sujet t'assomme.
Ton Infini, ta sphère,
C'est le regard de l'Homme,
Patron de cette Terre.
Il est le Fécondeur, le Galant Chevalier
De tes couches, la Providence du Foyer !
Tes yeux baisent Sa Poigne,
Tu ne te sens pas seule !
Mais lui bat la campagne
Du ciel, où nul n'accueille !...
Nulle Poigne vers lui, il a tout sur le dos ;
Il est seul ; l'Infini reste sourd comme un pot.
Auteur:
Laforgue Jules
Années: 1860 - 1887
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Premières strophes du poème "L'aurore-promise" - in "Oeuvres complètes, tome II", éd. L'Age d'Homme, p. 217
[
incompréhension mutuelle
]
[
cosmos
]
[
poème
]
[
femmes-hommes
]