Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info
Rechercher par n'importe quelle lettre



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits... Recherche mots ou phrases tous azimuts... Outil de précision sémantique et de réflexion communautaire... Voir aussi la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats ... Lire la suite >>
Résultat(s): 142
Temps de recherche: 0.0364s

enfants

Mon voisin Biais, vieux campagnard tourangeau, 76 ans, peste constamment sur toutes les tuiles que nous vaut la guerre. Il me disait encore ce soir : "Toutes les misères du monde nous sont tombées dessus. Tout ça, pour quelques individus qu'on aurait mieux fait d'écheniller à leur naissance." Je lui ai répondu : "Hé ! Monsieur Biais, on ne pouvait pas savoir. On les trouvait mignons comme les autres. Ils disaient si gentiment papa, maman... Ce qui prouve qu'on ne doit pas faire risette aux nouveau-nés. On ne sait pas ce qu'ils deviendront."

Auteur: Léautaud Paul

Info: Journal littéraire, Mercure de France 1986 6 Juin 1942 p.617

[ criminel ] [ tueur ] [ dictateur ]

 

Commentaires: 0

anthropophagie

Un nommé Kauffmann, boucher à Berlin, grand séducteur de femmes, faisait disparaître ses conquêtes sans qu'il restât d'elles la moindre trace. Il ne les brûlait pas comme notre Landru les siennes, mais les débitait dans sa boutique à ses clients comme du veau. On ne nous dit pas s'il en a mangé lui-même. Cette perspective donne à rêver. On doit se garder de parler de ce qu'on ne connaît pas. Manger un morceau de la fesse de sa bien-aimée ? Pour un amant un peu raffiné, il y a peut-être là un grand plaisir.

Auteur: Léautaud Paul

Info: Passe-temps II

[ question ] [ cannibalisme ] [ serial killer ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

courage

Ce matin, dans les journaux, cette nouvelle : "Hier en Méditerranée, un bâtiment pétrolier a sombré dans la tempête. Son capitaine, sur le pont, s'est englouti avec lui." Celui-là, pour le coup, un simple imbécile. La mort de Péguy, par exemple, telle qu'on l'a racontée, restant debout devant les balles, alors que tous ses hommes lui criaient : "Couchez-vous, lieutenant, couchez-vous !" et restant debout, droit comme un i. Que veut-on que me fasse la mort de cet homme ? Il eût mieux servi son pays en se conservant vivant. Son acte est imbécile. "L'héroïsme", est souvent cela.

Auteur: Léautaud Paul

Info: Journal littéraire/Mercure de France 1986 <22 décembre 1939 II p.2148>

[ vacherie ]

 

Commentaires: 0

femmes-par-homme

J'ai vu des maris houspillés, j'en ai vu de ridiculisés, j'en ai vu de trompés avec la plus belle ardeur, et une ingéniosité, une adresse qui touchaient à l'esprit. Mon bon coeur me faisait les plaindre. Je ne les plains plus. Le jour qu'ils meurent, quelle réparation leur est faite ! Il n'est pas de qualités, de mérites, de talents que leurs épouses en larmes ne leur découvrent soudain, pas d'éloges qu'elles n'en fassent, de regrets qu'elles n'expriment, avec cet accent de sincérité qui n'appartient qu'aux femmes. On consentirait à être cocu pour entendre dire un pareil bien de soi.

Auteur: Léautaud Paul

Info: Passe-temps/oeuvres, Mercure de France 1988<p.249>

[ veuves ] [ girouettes ] [ laudatrices ]

 

Commentaires: 0

vieillir

Je me mets à dire que dans quelques jours je commencerai ma 66ème année. Soixante-six ans ! Le 7 viendra vite. S'il vient ?... Je dis que le soir, quelquefois, me couchant, étendu dans mon lit, je pense à cela... Cario qui n 'a que 60 ans et qui vient d'être mis à la retraite, me dit alors : "A qui le dites-vous, mon cher. Tenez, pas plus tard qu'hier soir, je venais de me coucher. J'étais étendu dans mon lit. Je me suis surpris à me dire : Il n'y a pas à dire. T'es un petit vieux à la retraite."

Auteur: Léautaud Paul

Info: Journal littéraire

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

opinion

Je pense qu'on ne connaît jamais personne, qu'on ne sait jamais ce qu'il y a, ce qui se passe au profond intime d'une créature humaine. Il peut y avoir des richesses de tendresse, de dévouement, de pitié qu'on ne soupçonne pas, qui ne se montrent que dans certaines circonstances rares. Juger autrui ! Ah ! on devrait toujours s'en garder. Est-ce qu'on sait, est-ce qu'on est sûr. Tel qui rit, qui est tout en boutades, en brusqueries, en indifférence, est peut-être le plus sensible secrètement. Tenez, si on pensait à tout cela, on n'oserait plus écrire, porter un jugement sur quelqu'un.

Auteur: Léautaud Paul

Info: <15 avril 1914 I p.936>

 

Commentaires: 0

entendement

Je disais : être intelligent, c'est comprendre, c'est entendre. Ce n'est pas seulement comprendre les idées, les choses, les faits qui rentrent dans votre tempérament, dans vos habitudes d'esprit, etc., c'est comprendre également les idées, les choses, les faits qui vous sont différents, contraires, et les plus divers. Autrement, on n'a qu'une intelligence limitée, et qu'est-ce, qu'une intelligence limitée. C'est l'intelligence qui cesse tôt ou tard de fonctionner et qui se ferme sur un ensemble d'idées donné. On pourrait codifier : être intelligent, c'est, après connaître exactement sa propre façon de sentir et de penser, pouvoir encore se prêter à toutes les autres.

Auteur: Léautaud Paul

Info: Journal littéraire, Mercure de France 1986 11 février 1906 I p.268

[ ouverture ] [ mise à jour ]

 

Commentaires: 0

mythe

Les obsèques du Maréchal Joffre, comme celles du même genre, cette glorification, cette apothéose, ce transport solennel d'un corps mort, cette sorte de déification de ce qui n'est plus rien, au fond c'est encore un reste des vieilles superstitions, c'est tout près des idolâtries des peuplades sauvages, cela n'a absolument rien de très relevé, au contraire. Le tombeau de Napoléon, le corps de Lénine, conservé dans un cercueil de verre et exposé à la vénération du peuple, l'exposition du corps du maréchal Joffre, la conservation de l'épée de celui-ci ou du chapeau de celui-là, tout cela se tient : c'est un mysticisme extrêmement primitif qui survit.

Auteur: Léautaud Paul

Info: Journal littéraire, Mercure de France 1986 <13 janvier 1931 II p.669>

[ cadavre ] [ deuil ]

 

Commentaires: 0

dénigrement

Il y a longtemps que je pense que si j'avais un fils et qu'il ait des dispositions littéraires ou même seulement pour les choses de l'esprit, j'ai beau ne pas aimer me mêler de diriger dans ce domaine, je lui enlèverais tous les poètes. Ces gens-là font perdre un temps considérable pour le développement de l'esprit. J'ai perdu au moins quinze années, pour ma part, à me laisser bercer par leurs fariboles. Et le roman ? Comment un homme, à cinquante ans, peut-il encore écrire des romans ? Comment peut-on même encore, à cet âge, en lire ? Poésie et roman, c'est certainement la partie inférieure de la littérature.

Auteur: Léautaud Paul

Info: 4 mars 1927 I p.1919

[ lecture ]

 

Commentaires: 0

distanciation

Certes, il est beau d'être intelligent, mais l'intelligence, sans l'esprit, n'est qu'une chose pesante, pédante et prétentieuse. L'esprit, c'est la clairvoyance, la légèreté, le sens de la relativité, le don de l'observation, la pénétration profonde des sentiments et des idées. C'est le jeu, l'intuition rapide, là où l'intelligence cherche et ne fait qu'un lent travail. Que d'hommes intelligents j'ai vus se montrer sots par manque d'esprit ! Savoir rire - le rire n'est pas toujours la gaieté - savoir se moquer, des autres et de soi-même, c'est le don suprême, c'est la marque de la liberté, c'est savoir s'élever au-dessus de la vie et la railler.

Auteur: Léautaud Paul

Info: Le théâtre de Maurice Boissard, Oeuvres, Mercure de France 1988 <p.994>

[ légèreté ]

 

Commentaires: 0