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écriture

Être écrivain en Occident depuis deux siècles, ce serait donc à la fois être contemporain d'un état du monde qui écrase, et savoir transformer cet insupportable en une étincelante invective ou, grâce à l'affûtage de la langue, une douce, une amère mélancolie. Depuis les romantiques, ce serait faire œuvre à défaut de faire l'histoire.

Auteur: Loyer Emmanuelle

Info: L'impitoyable aujourd'hui

[ fuite ] [ refuge ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

chronos

Ivo Andric épouse cette même poétique aquatique de l'écume et des profondeurs, dans les termes exacts employés par Braudel, mais lui a troqué la mer pour la rivière : " Le rapport entre la durée et la longueur d'une vie d'homme est le même rapport que le rapport entre la surface agitée, mouvante et rapide de la rivière et son fond permanent et stable dont les modifications sont lentes et imperceptibles. "

Auteur: Loyer Emmanuelle

Info: L'impitoyable aujourd'hui

[ temps ] [ fugace surface ] [ stable profondeur ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

imaginaire

(…) la littérature pense - et mieux encore : qu'elle donne à penser !

Ce constat pourrait paraître un truisme mais il était, en fait, audacieux : la " littérature " n'est-elle pas, en particulier sous sa forme romanesque, plutôt considérée comme espace d'évasion, d'évocation, de stylisation singulière, tandis que la pensée est censée s'épanouir dans la généralité, l'universalité et l'abstraction ?

Deux siècles de démarcation entre science et littérature ont édifié de solides murailles entre les " idées " et les romans, séparation dont l'itinéraire historique a été, depuis, restitué par Vincent Debaene et Wolf Lepenies.

Auteur: Loyer Emmanuelle

Info: L'impitoyable aujourd'hui

[ rationalisme ] [ fiction ] [ pragmatisme ] [ citation s'appliquant à ce logiciel ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

déprime

Il y a toutes sortes de manières de sombrer dans l'ennui.

L'ennui est en effet un objet labile et pourtant profond, une catégorie de la vie affective qui, comme le montrent les historiens des sensibilités, semble accompagner l'historicité des expériences humaines : l'acédie médiévale, le spleen romantique, l’" embêtement " fin XIXe ; l'ennui à l'école, l'ennui provincial, l’ennui conjugal, l'ennui à l'usine, l'ennui au bureau ; l'ennui massif de la dépression, l'ennui léger, nuageux de l'enfant en mal d'escapades, l'ennui métaphysique de l'être humain sachant qu'il n'est que poussière, l'ennui historique diagnostiqué par Stendhal dans la France de la monarchie de Juillet... Selon cette dernière perspective, l'ennui, c'est l'exil de l'action.

Auteur: Loyer Emmanuelle

Info: L'impitoyable aujourd'hui

[ monotonie ] [ désenchantement ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

réflexivité

A partir d'un certain âge, on se met à relire. Pendant le confinement, nous avons fait le tour de nos bibliothèques, petites ou grandes, interrogeant les volumes parfois empoussiérés comme réservoir de relectures potentielles.

Si lire engage une riche expérience du temps, relire démultiplie encore cette exploration car, en plus des strates déjà évoquées, on aura tantôt à faire à la personne devenue inconnue qui fit la première lecture - ainsi que, parfois, à quelques traces de cette lointaine époque (un surlignement brutal, des marginalia, un numéro de téléphone fixe...) tantôt à celui ou celle que l'on est devenu, lecteur ou lectrice d'un autre livre. La grande joie des relectures tient dans cet effet de surprise : c'est dans le même qu'est le différent !


Auteur: Loyer Emmanuelle

Info: L'impitoyable aujourd'hui

[ instabilité ] [ diachronique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

ethnocide

Une extraordinaire page d'archive, conservée dans les " Papiers Lemkin " de l'université de Columbia, enregistre la cogitation du juriste et l'instant eurêka : d'abord, des " gribouillis " comme ceux que l'on fait dans une réunion où l'esprit s'absente ; la main qui tient le crayon semble soudain inscrire, en deçà de la raison tourmentée par le savoir contenu dans les valises, le mot-mana* de l'inconscient graphique : " génocide " émerge d'une série de ratures, puis se répète comme une litanie, écrit plusieurs fois, de nouveau biffé, et réécrit pour voir et entendre s'il sonne juste...

Ce gribouillis deviendra la pierre de touche de l'imposant ouvrage publié par Lemkin l'année suivante, en novembre 1944, Axis Rule in Occupied Europe, qui décrit les meurtres de masse perpétrés dans l'Europe sous occupation nazie.


Auteur: Loyer Emmanuelle

Info: L'impitoyable aujourd'hui. **mana désigne une force ou puissance spirituelle surnaturelle qui peut être attribuée à : Des êtres (personnes, ancêtres, esprits), des objets, des lieux, des paroles ou formules rituelles. Cette force est considérée comme sacrée et confère une efficacité magique ou un pouvoir charismatique. Ce terme est central dans les croyances et religions animistes de Polynésie, son usage s'est étendu au-delà du contexte océanien pour désigner plus largement une force spirituelle abstraite.

[ terminologie ] [ origine ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

femmes-par-femmes

De lettres ou pas, les femmes deviennent au XIXe siècle de grandes lectrices de littérature romanesque. Lire c'est bien alors s’immerger tout entière dans l'univers fictif de l'ouvrage choisi. Ce type de lecture, qui correspond à l'avènement du roman, n'est pas sans interroger les autorités morales du siècle.

La lectrice de l'âge romantique devient en soi un motif d'époque, et même un sujet d'inquiétude ; les débats concernant les effets délétères de la " mauvaise littérature " sont récurrents dans les journaux du temps ; la description des nerfs affaiblis de femmes qui seraient les victimes consentantes de ce " vice " pas si impuni côtoie la représentation picturale de la lectrice " affalée sur un sofa, un divan, ou lovée dans son lit, la bouche rieuse et la mine gourmande, [...] lieu commun de la peinture érotique.

Les femmes qui lisent sont dangereuses ", écrit Michelle Perrot.


Auteur: Loyer Emmanuelle

Info: L'impitoyable aujourd'hui

[ délassement ] [ ​​​​​​​intellectuelles ] [ libérées ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

procréation incompatible

" Monsieur Marcel " aurait dit à Céleste : " Je suis marié avec mon œuvre. " C'est là souligner l'incompatibilité entre la vie conjugale et le travail d'écriture. Si celui-ci est le cœur battant des préoccupations de la Recherche, fiction de son propre processus de création, il faut bien remarquer que la famille en est éliminée, la reproduction aussi - aucun enfant ne naît durant le long cours du roman ; quant à l’amour, il n'est qu'une illusion douloureuse et, du reste, passagère : celui de Swann pour Odette, du narrateur pour Albertine, de Saint-Loup pour " Rachel, quand du Seigneur " en sont les meilleures preuves.

Seuls l'amour maternel et grand-maternel sont véritablement dignes de ce nom. L'interdit sur la reproduction, ajouté chez Proust à une forme de renoncement à la vie sentimentale et sexuelle, est d'ailleurs là aussi l'objet d'une tradition, et solidaire du modèle sacerdotal, ascétique de l'écrivain-voyant, de l'oracle laïque. Faire des enfants ou faire œuvre ? C'est cette alternative qui se pose telle quelle à Jane Austen, Emily Dickinson, Virginia Woolf et Simone de Beauvoir, choisissant et justifiant ainsi leur refus d'enfanter.

Auteur: Loyer Emmanuelle

Info: L'impitoyable aujourd'hui

[ filiation maternelle ] [ littérature ] [ femmes-hommes ]

 

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femmes-par-femme

Nul sens du temps pour qui ne se confronte pas à sa propre finitude. Ce que comprennent presque toutes les femmes, y compris Simone de Beauvoir qui aurait tendance à se croire immortelle et finit pourtant par produire deux très beaux livres sur la mort de sa mère (Une mort très douce) et la mort de Sartre (La Cérémonie des adieux) - façon de régler les échéances d'une vie tout entière sous le signe de la dilatation heureuse de son " moi " de femme et d'autrice. Même elle, surtout elle, selon Mona Ozouf, sait tracer la " ligne de vieillesse " qui départage la litanie des " premières fois " - son insatiable gourmandise des experiences de la vie - et celle des " jamais plus ".

Apprivoiser le temps, c'est la tâche de toute une vie au cours de laquelle la vieillesse survient parfois par surprise comme un adjuvant ; la lecture, dans la manière si particulière qu'elle a de distiller l'arôme de la vie, est un autre alambic de l’art du temps. Les femmes sont ici chez elles, même si les hommes vieillissent eux aussi et si certains sont de vaillants lecteurs...

Auteur: Loyer Emmanuelle

Info: L'impitoyable aujourd'hui

[ chronos ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

patriotisme

Il est des moments stendhaliens de l'histoire de France. Son âpre vérité, cette intelligence douloureuse du temps présent, est alors recherchée pour son humeur vigoureuse, sa crudité tonique, son énergie analytique - celle de ses héros à l'ardeur aussi ironique que clairvoyante.

Ainsi en fut-il pendant la Seconde Guerre mondiale. En décembre 1940, Jean Guéhenno s'administre une dose de Stendhal pour se redonner du courage, relisant le petit traité que Léon Blum avait consacré à Beyle quelques décennies plus tôt. Son Journal des années noires est clandestinement stendhalien, comme si Henri Beyle s'affichait comme la plus sûre des boussoles lorsque tout s'affole.

Si les hommes de la Révolution nationale prescrivent Stendhal, peu enclin à s'engourdir dans la resignation vichyste, l'écrivain et journaliste Jean Prévost soutient en 1942, à l'université de Lyon, une thèse remarquée sur La Création chez Stendhal. Sans doute se préparait-il ainsi à la Résistance majuscule puisque, deux ans plus tard, il mourait les armes à la main dans le Vercors. Le livre parut après la guerre de façon posthume. Stendhal, peintre de l'ennui et de l'impuissance postbonapartistes, est alors lu comme un éveilleur, un réveilleur face à la barbarie.

Auteur: Loyer Emmanuelle

Info: L'impitoyable aujourd'hui

[ littérature ] [ Gaule ] [ relativité ] [ langage balise ]

 

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Ajouté à la BD par miguel