La poésie qu’on croit l’expression brute du génie humain en est la décadence lamentable. Le roman est la possibilité d’éviter la poésie comme la peste. La poésie, c’est l’ensemble des métastases historiques du genre narratif. La poésie "au début" n’existait pas, il n’y avait que l’épopée qui était un roman chanté, la poésie est l’affaiblissement de l’épopée. Le roman à intrigue solide lutte contre la menace de métastase poétique… Pour toutes ces raisons d’ailleurs Breton détestait les romans. Il faudrait faire un panorama des haïsseurs du roman (Michelet, etc.) … On pourrait dresser leur portrait-robot : le type philosophique-poétique-socialiste (Tolstoï…) (Blanchot dépeupleur ; Duras et Blanchot héritage collabo ; Robbe-Grillet). La poésie est par principe socialiste parce qu’elle arrache au roman sa possibilité politique anti-progressiste : la narration. Baudelaire poète n’est pas un poète (c’est-à-dire pas un progressiste, philosophe, etc.) parce que ses poésies sont prélevées sur le désir douloureusement frustré d’écrire des romans (facile à prouver : ses notes intimes).
Auteur:
Info: Ultima Necat, tome 1, Les Belles Lettres, 2015, 6 mars 1985
Commentaires: 3
miguel
11.11.2025
j'espère bien :-)
Coli Masson
11.11.2025
ça me plaît.
miguel
09.11.2025
Bof...