Ce qu’il [l’enfant] n’a pas, ce dont il n’a pas la disposition, à ce point de naissance, de révélation du désir génital, ce n’est rien d’autre que son acte. Il n’a rien qu’une traite sur l’avenir. Il institue l’acte dans le champ du projet.
Et je vous prierai ici de remarquer la force des déterminations linguistiques par quoi, de même que le désir a pris dans la conjonction des langues romanes cette connotation de desiderium, de deuil et de regret, ça n’est pas rien que les formes primitives du futur soient abandonnées pour une référence à "l’avoir". "Je chanterai", c’est exactement ce que vous voyez écrit : "Je chanter-ai", effectivement ceci vient de cantare habeo. La langue romaine décadente a trouvé la voie la plus sûre de retrouver le vrai sens du futur : je baiserai plus tard, j’ai le baiser à l’état de traite sur l’avenir : je "désirer-ai".
Et aussi bien cet habeo introduit au debeo de la dette symbolique, à un habeo destitué. Et c’est au futur que se conjugue cette dette quand elle prend la forme de commandement : "Tes père et mère honoreras", etc.
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Info: 22 mars 1961
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