beaux-arts

Si tu compares les femmes de De Kooning à celles de Renoir par exemple, ce que tu mesures c’est ce qui est arrivé au désir de l’homme en un siècle. Les éclats de ce fracas sont ces tableaux éclaboussés où s’aperçoit quand même encore l’objet de la cible, la femme. Le "naturalisme" des cuisses ouvertes n’est possible que parce que la figuration est en morceaux. La femme qui pisse, La Pisseuse de Picasso, 1965, n’est possible que parce que, telle qu’elle est, elle n’est pas baisable. Si elle était baisable, comme une femme de Renoir, de Rubens ou de Courbet, on ne pourrait pas la montrer pissant. Les toiles de nus de Rubens m’apprenaient un état de désir masculin vivable… Elle est là, elle veut bien, en tout cas elle est gentille, elle va faire semblant. Les toiles du XXe me renseignent sur l’invivable du désir du XXe, sa catastrophe. Je ne peux plus compter sur la simulation de la femme, sa gentillesse élémentaire de toujours. C’est même cette seule simulation qui est tombée. En pleine époque de simulacres !

Auteur: Muray Philippe

Info: Ultima Necat, tome 1, Les Belles Lettres, 2015, 2 juillet 1984

[ comparaison ] [ peinture ] [ hommes-femmes ] [ transformation ] [ chute ] [ dégradation ]

 

Commentaires: 2

Ajouté à la BD par Coli Masson

Commentaires

miguel, filsdelapensee@bluewin.ch
2025-11-06 06:52
Paradoxe ?
Coli Masson, colimasson@live.fr
2025-11-07 11:22
qu'est-ce qui est paradoxal ici?