Jeanne-Marie tendait ses yeux fiévreux vers Marguerite avec une forme de sourire qui se dessinait aussi sur ses lèvres, qui auréolait son visage tout entier, un visage-sourire tendu vers sa petite-fille, solaire, radieux, derrière lequel même la mort au travail semblait rétrécir et se faire minuscule ; la vieille dame mourante tenait la main de sa petite-fille enserrée entre les siennes - des mains chétives et grises, déjà froides, des ossements - fins et fragiles, graciles, on imaginait comme des os de moineau - des mains dont la peau avait presque la texture d'un cuir très fin - et toujours avec ses yeux brillants de joie et d'amour, Jeanne-Marie regardait Marguerite avec une sorte d'étrange bonheur sur le visage, presque un visage de fillette - elle avait peut-être eu ce visage dans sa propre enfance - , et l'expression d'une douceur qui se lisait davantage encore sur ses lèvres, une douceur inconnue de tous ceux qui n'avaient eu affaire qu'avec la Patronne ou la femme de Firmin.
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Info: La maison vide
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