Un linguiste, Ferdinant de Saussure, disait qu'on aura peur du loup tant que le mot chien n'existera pas. Ce que dit cette phrase c'est que nous avons besoin de mots pour penser le monde. Mais les mots ont toujours été un combat ; George Orwell, l'inventeur de la novlangue disait que le sens doit gouverner le choix des mots, et non l'inverse. Nous ne devons pas remplacer le sens par le slogan. Nous ne devons pas les laisser conduire le monde à notre place. Si on nous prive de leur vrai sens, nous ne pouvons plus penser, et alors oui le monde devient opaque, nous devenons son otage. Car... un plan social, n'est pas social. Les partenaires sociaux... ne sont pas des partenaires. Une révolte, n'est pas une émeute. Les sans domicile fixe n'ont pas de domicile du tout. La culture du résultat imposerait que l'on définisse "culture", et "résultat" et enfin parce que apparemment, il faut le redire sans cesse, l'antisémite est antisémite... L'antisioniste, parfois juif, n'a rien contre le juif... Si nous voulons être libre, ne laissons pas les mots penser à notre place. Leur garder un sens précis fonde la démocratie, qui est d'abord une conversation. La littérature n'est peut-être pas le lieu où ils sont le plus libre, les mots, mais, c'est en son sein qu'ils ont le plus de couleurs, le plus de poids. Et c'est pourquoi le livre, tous les livres, créent de la citoyenneté, de la citoyenne, et du citoyen.
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Info: La grande librairie, adresse finale, avril 2024
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