La porte s’ouvrit. Je n’avais pas préparé ce que je devais dire. Tout dépendait du genre de personne à qui j’allais avoir affaire. C’était un homme de taille moyenne. Je m’étais imaginé que j’allais improviser. Brusquement, tout ce qui aurait pu me guider chez cet homme se trouva environné de brouillard. Il avait beau se trouver en pleine lumière et moi dans l’obscurité, je ne le voyais pas et il me voyait.
- Qu’est-ce vous voulez ? me demanda-t-il.
Je compris tout à coup que je n’étais plus maître de ma destinée. C’était fini. Sans m’en rendre compte, j’avais fait ce pas en avant qui me mettait à la discrétion de mes semblables. Il existe, avant le danger qui va s’abattre sur nous, un bref moment où tous les raisonnements et toutes les précautions ne comptent plus. Je vivais ce moment. Dans une seconde, j’allais être sauvé ou prisonnier. Il ne me restait à présent qu’à me fier à mon étoile.
- Je suis un évadé français. Je vous demande l’hospitalité, dis-je en entendant ma voix comme si je parlais devant une salle entière.
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Info: Départ dans la nuit, Editions Archipoche, Paris, 2025, page 168
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