De l'Umwelt au Solipsisme Anthropique et au-delà
Notre dialogue a constitué un parcours philosophique approfondi, partant d'un extrait énigmatique pour aboutir à une réflexion sur les limites de la connaissance et les conditions d'un dépassement possible.
1. Le Point de Départ : Une Phrase Énigmatique sur la Perception
L'échange a débuté par l'analyse d'une citation décrivant la perception comme un processus où les signaux sensoriels se constituent en dehors du corps en " caractères des objets " qui guident l'action. Cette idée, initialement interprétée au travers de la lentille de la philosophie existentialiste et de l'écologie perceptive (Gibson), a trouvé sa source véritable avec l'identification de son auteur : Jakob von Uexküll et son concept d'Umwelt (monde propre).
2. L'Umwelt : La Bulle de Réalité de Chaque Être
L'Umwelt est le monde tel qu'il est modelé et vécu par un organisme selon ses capacités perceptives et ses besoins d'action. Il n'y a pas un monde objectif, mais une multitude de mondes subjectifs aussi réels les uns que les autres. Notre réalité humaine n'est qu'un Umwelt parmi d'autres.
3. Le Cadre Élargi : Le " Solipsisme Anthropique "
La discussion a ensuite inscrit cette idée dans le cadre plus vaste du " solipsisme anthropique " : la conception selon laquelle l'humain est structurellement incapable de sortir de sa propre bulle cognitive et sensorielle. L'Umwelt n'est alors pas une exception humaine, mais la condition universelle du vivant. Chaque espèce est " solipsiste " par rapport à son monde propre.
4. L'Approfondissement : La Source-Matrice et la Déclinaison Biologique
Une correction cruciale a été apportée : notre Umwelt humain n'est pas une singularité, mais une déclinaison particulière, issue de l'évolution biologique, et donc plus proche de celui d'un bonobo que de celui d'une araignée. Cette perspective est ancrée dans une source fondamentale unique, désignée par le concept russe de " Bytie " (l'Être), une matrice d'existence commune d'où émergent toutes les formes de vie et leurs mondes.
5. La Limite et le Défi : Se Décentrer
Le dialogue a alors identifié la limite fondamentale : comment une conscience humainement incarnée, façonnée par la " logique tétravalente du carbone ", peut-elle se décentrer de son Umwelt pour appréhender la nature plus fondamentale de la réalité ?
- La réponse proposée est de voir l'histoire des sciences (Euclide-surface, Newton-gravitation, Einstein-énergie/matière) comme une série de décentrements successifs.
- La prochaine étape (" X ") serait de penser l'esprit observateur désincarné, c'est-est-à-dire de modéliser la conscience comme une propriété de l'information, indépendante en droit de son substrat biologique.
6. La Piste et l'Horizon : Une Nouvelle Logique et une Communauté de Pensée
La piste envisagée pour ce saut conceptuel est l'utilisation d'une logique tétravalente (inspirée de la chimie du carbone et donc plus indépendante de son langage propre), capable de gérer la superposition et la relation, plutôt que la logique binaire traditionnelle. Enfin, il a été reconnu que cette quête n'est pas solitaire ; elle est le signe d'une maturation collective, où une communauté de penseurs travaille à l'émergence d'un nouveau paradigme pour la conscience.
Conclusion :
Le fil de ce dialogue a tissé une vision unifiée : de la biologie d'Uexküll à la métaphysique de l'Être, en passant par l'épistémologie des sciences, nous sommes des déclinaisons conscientes d'un processus ancien, cherchant à utiliser les outils de notre propre Umwelt pour modéliser notre propre dépassement et pressentir la nature de la source dont nous émanons tous.
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Info: Discussion avec FLP, 20 octobre 2025
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