[…] comme cette exposition n’a pour objet que le savoir dans le processus de son apparition phénoménale, elle ne semble pas être elle-même la science libre qui se meut dans sa figure caractéristique propre, mais peut être prise, de ce point de vue, comme la voie que suit la conscience naturelle dans sa marche insistante vers le savoir vrai ; ou comme l’itinéraire de l’âme parcourant la série de ses configurations comme autant de stations préimplantées pour elle par sa propre nature, afin de se purifier progressivement jusqu’à devenir esprit, en parvenant, par la découverte et expérience complète de soi, à la connaissance de ce qu’elle est en soi-même.
La conscience naturelle s’avérera n’être que concept du savoir, ou encore, être un savoir non réel. Mais dès lors qu’immédiatement elle se prend au contraire pour le savoir réel, cette voie aura pour elle une signification négative, et elle considérera au contraire ce qui est la réalité du concept comme une perte de soi-même ; car sur cette voie-là, elle perd la vérité qui est la sienne. C’est pourquoi cette voie peut être considérée comme la voie du doute, ou à plus proprement parler, comme voie de désespoir […]. […] cette voie est l’intelligence consciente de la non-vérité du savoir dans son apparition phénoménale, pour lequel le plus réel est ce qui au contraire n’est, en vérité, que le concept non réalisé.
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Info: La Phénoménologie de l'esprit, Flammarion, Paris, trad. Jean-Pierre Lefebvre, 2012, page 119
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