Pullulation d’occulte en Allemagne après la défaite de 1918. Weimar, l’hypnose, l’ombre d’Hitler. "Tintamarre de foin", écrit [Thomas] Mann en 1930. La présence d’intellectuels aux séances de parapsychologie l’inquiète. Menaces antidémocratiques. Trahison des clercs, pense-t-il. Au lieu d’y reconnaître les signes de la misère intellectuelle, les clercs y voient la "renaissance de forces vitales profondes" (voir aujourd’hui les pacifistes, Handke, etc.). Bloch y voyait (à juste titre, mais il ne voyait que le quart, d’ailleurs périssable, du phénomène) la collusion nazisme – occulte, reprochait aux marxistes leur désintérêt pour la superstition et le renouveau des archaïsmes "obscurantistes". […]
Mann est intéressant parce que, essayant d’expliquer sa fascination dégoûtée pour l’occulte, il fait appel à toute la batterie sexuelle. On ne serait pas étonné, dit-il, si le "travail" du médium "était accompagné d’érection et même de jets de sperme" … Il dit avoir assisté à des séances de spiritisme dans l’état d’âme de celui qui va pour la première fois au bordel. Dans la Montagne magique, Castorp se rend à la salle d’expérimentation de Krokowski, le psychanalyste-spirite, "dans le même état d’esprit où il avait été pour la première à Sankt-Pauli" … L’intérêt pour l’occulte, cet intérêt qu’il ressent, le trouble. C’est l’intérêt du cul, simplement. Il n’y a probablement pas d’autre intérêt sexuel qu’occulte.
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Info: Ultima Necat, tome 1, Les Belles Lettres, 2015, 1er décembre 1983
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