Quand vous nous aimez, vous n’êtes pas attiré vers nous ou par nous ; mais vous demeurez ce que vous êtes, vous qui êtes toujours le même, celui qui a pour être d’être le bien, mais le bien pour vous en vous, le bien de toute créature en vous. Au contraire, nous, quand nous vous aimons, nous sommes attirés par vous, vers vous ou en vous, nous qui pouvons exister dans l’état de misère et ne pas vous aimer, c’est-à-dire exister et mal exister. Mais à vous qui êtes toujours le même, rien ne survient si, en vous aimant, nous allons vers vous ; rien ne vous est enlevé si nous nous écartons de vous. Mais quand vous nous aimez, c’est uniquement pour vous, puisque la règle très vraie de la souveraine justice ne nous permet pas de rien aimer en dehors de vous. Certainement, il est possible à l’amour de celui qui aime Dieu, quand survient une grande grâce, d’arriver à n’aimer ni vous ni lui pour lui, mais à aimer uniquement vous et lui pour vous ; par là même, il est reformé à votre image, selon laquelle vous l’avez créé, vous qui, par la vérité de votre suréminente nature et par la nature de votre vérité, ne pouvez vous aimer que pour vous et ne pouvez aimer l’ange et l’homme que pour vous.
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Info: De la contemplation de Dieu dans Deux traités de l'amour de Dieu, traduit par Marie-Madeleine Davy, Vrin, 1953, page 47
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