Mon interrogation sur la conscience : distinguer les problèmes
Depuis le début de mon parcours, j'ai voulu clarifier une difficulté qui me semblait demeurer dans l'ombre des neurosciences : la conscience. Je distingue pour cela deux types de problèmes. Les "problèmes faciles" de la conscience, quoique complexes techniquement, concernent l'explication des fonctions mentales telles que la perception, la mémoire, ou le langage. L'on peut espérer les résoudre grâce aux outils scientifiques classiques. Mais, face à eux, il y a un "problème difficile" : expliquer pourquoi et comment des processus physiques donnent naissance à des expériences subjectives, à ce que l'on ressent vraiment – ce que j'appelle la conscience phénoménale et que l'on désigne aussi sous le terme de qualia.
La conscience comme donnée irréductible
À mes yeux, aucun récit purement physique ou fonctionnel ne parvient à éclairer le caractère inspiré de la conscience, son aspect vécu, la texture même de l'être-au-monde en première personne. Je soutient donc une forme de dualisme des propriétés : la conscience phénoménale résiste à toute réduction au physique. Nous pouvons parfaitement concevoir un monde où toutes les propriétés physiques de notre univers seraient conservées… sans qu'aucune expérience subjective n'existe : ce serait le monde des " penseurs zombies ". Cela me pousse à soutenir qu'il existe un écart, une « survie naturelle » : la conscience survient sur le physique, selon les lois de la nature, mais elle ne découle pas logiquement des propriétés physiques.
Concevoir la possibilité d'une explication psychophysique
J'ai proposé que, pour résoudre ce problème difficile, il faut sans doute admettre la conscience comme un aspect fondamental de la réalité, un " fait brut " aussi irréductible pour la philosophie que l'espace ou le temps en physique. J'ai formulé l'argument des zombies et développé un argument bidimensionnel puissant contre le matérialisme : si l'on peut concevoir la duplication d'un état cérébral sans duplication de l'expérience consciencieuse, alors la conscience n'est pas simplement un arrangement de matière, mais nécessite une explication psychophysique nouvelle.
Science et pluralité des états de conscience
Pour progresser malgré la difficulté, je défends l'idée que chacun a un accès privilégié à sa propre conscience, ce qui permet d'élaborer une science de l'esprit à partir des données subjectives corrélées aux données objectifs. Cela exige de tenir compte, dans notre façon de penser le vivant, de la pluralité et de la richesse des états de conscience, au-delà de ce que le seul physicalisme permet d'appréhender.
Vers des lois fondamentales de la conscience
Ma démarche constitue, au fond, un appel à renouveler nos cadres métaphysiques. Je considère que la conscience doit être reconnue comme l'un des éléments constitutifs de la réalité, dont l'explication exige peut-être l'élaboration de nouvelles lois fondamentales — des lois psychophysiques, dépendant des états physiques aux états phénoménaux.
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