Mais hâtez-vous Seigneur, ne tardez pas. Car la grâce de votre sagesse, Seigneur, ou la sagesse de votre grâce a ses raccourcis. Et, sans aucun argument de la raison ou du raisonnement, sans aucune discussion, on accède, comme par quelques degrés, au torrent de vos délices, à la joie plénière de votre amour. Celui qui a reçu ce don, après avoir fidèlement cherché, fidèlement frappé, s’y trouve souvent transporté subitement. Mais, ô Seigneur, si parfois – et cela est si rare ! – je me trouve participer quelque peu à cette joie, je crie, j’élève la voix : Seigneur, il nous est bon d’être ici, faisons-y trois tentes : une pour la foi, une pour l’espérance, une pour l’amour. N’est-ce pas que j’ignore ce que je dis, lorsque je dis : il nous est bon d’être ici ? Mais subitement, je tombe à terre comme mort, et si je jette un regard, je ne vois rien et je me retrouve où j’étais d’abord, c’est-à-dire dans la douleur du cœur et l’affliction de l’esprit.
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Info: De la contemplation de Dieu dans Deux traités de l'amour de Dieu, traduit par Marie-Madeleine Davy, Vrin, 1953, page 49
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