Les esprits "de gauche" que je connais, mes amis, je les ai vus sombrer lentement depuis des années dans la résignation. Leur impossibilité de remplacer dans leur tête le marxisme défunt par quelque chose d’autre, le fait même que la disparition du marxisme ait laissé – à leurs yeux – un trou, explique leur délire actuel : l’emplacement, même vide, était resté intact. Le site était toujours là. Il ne demandait qu’à être réoccupé. Mais rien ne fera plus que je ne les aie vus démobilisés, vides, dans ce qu’il faut que je me résigne à considérer comme un simple intervalle de liberté (les années avant 81) au milieu de la fureur cauchemardesque du bruit de leurs illusions perdues puis retrouvées.
[…] La victoire de la gauche relève de l’acharnement thérapeutique. On veut empêcher une idéologie en coma avancé de disparaître complètement, et on y réussit ! Tout cela se déroule dans le bloc opératoire. Odeur pharmaceutique générale. Les cadavres que l’on maintient en survie vingt ans.
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Info: Ultima Necat, tome 1, Les Belles Lettres, 2015, 20 juin 1981
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