[…] ce qui m’intéresse dans le style du pamphlet, c’est ce qui en fait la chose même qui ne reviendra jamais plus. On voit là, dans son dernier rayonnement, presque au moment de s’éteindre, une certaine façon de s’adresser à quelqu’un comme s’il s’agissait d’un individu, un certain ton de psalmodie dirigée vers le sujet, un certain style d’apostrophe vers cet autre du récit qu’on aurait pu croire éternel. Bientôt, il n’y aura plus de lettres, plus de prières, plus de procès, plus d’injures. On s’étonne parfois que pamphlets et pamphlétaires aient aujourd’hui disparu. Ils se sont effectivement évanouis à la même époque que ce "personnage" des romans dont on continue généralement, à l’heure actuelle, de déplorer la perte. La raison de cette disparition me paraît simple. Nous voilà dans le siècle immatériel des fantômes, de l’inconsistance habitant des noms d’hologrammes, de doubles ; nous voilà dans l’ère de l’effervescence des clones.
Auteur:
Info: Ultima Necat, tome 1, Les Belles Lettres, 2015, Lettre de Bloy, 1er février
Commentaires: 2
Coli Masson
12.09.2025
ok
miguel
11.09.2025
libelle ?