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J’ai commencé par être agacé par les "champs semés de boutons d’or" (II, p. 154) ou "l’écume blanchissante d’une fleur ensoleillée et mousseuse" (p. 155), exemples qui abondent chez Proust d’une joie pagano-chromo, naturiste-impressionniste. Maintenant, ces notations me paraissent émouvantes, traces déchirantes de ce qui va disparaître, du regard qui va cesser de s’y poser. Un païen qui meurt peut être bouleversant, de ce qu’il quitte, de cette terre qui se dérobe sous sa vie. C’est même le seul instant où il peut être bouleversant, par le monde auquel il a cru et qui va s’évanouir. Comme si la matière, la mère, le trahissaient. Comme si la matrice, finalement, se dérobait avant sa propre dérobade.

Auteur: Muray Philippe

Info: Ultima Necat, tome 1, Les Belles Lettres, 2015, 8 septembre 1980

[ dissipation d'une illusion ] [ mélancolie ] [ abandon ] [ critique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

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