Je ne dis pas qu’il faut faire une bonne science bien gentille. La science c’est un fait historique qui marche, qui se développe sans demander notre avis, et ça fonctionnera même avec tous les comités d’éthique que vous voudriez mettre, cela va continuer à fonctionner. Seul le discours analytique, qui est un lieu constitué, à condition que nous voulions supporter cette constitution, est le lieu où peut se poser la question de la responsabilité du sujet dans le monde de la science.
Aujourd’hui, les savants qui ont fait la bombe atomique, ils se posent des questions de responsabilité. Demain, avec les découvertes biologiques, ils auront aussi des problèmes de responsabilité. Mais le discours de la science et du capital ne leur demande absolument pas leur avis, on leur demande de produire de résultats scientifiques, et on ne s’intéresse ni aux motivations, ni au désir, ni a la responsabilité. On leur demande des résultats et on les paye pour cela, sans leur demander leur avis. Et leurs produits, leurs inventions, leur échappent.
Le seul endroit ou on peut poser sérieusement la question de la responsabilité, c’est dans le discours analytique. Mais encore faut-il déterminer les conditions d’exercice. Et aucune réglementation, aucun droit, ne réglera le problème de l’articulation interne du discours, pour qu’il soit effectif, qu’il ait une efficace et qu’il ait lieu.
Moi, je ne suis pas en train de dire qu’il faut réglementer; je dis qu’on doit élaborer le discours lui-même. Il faut être capable de le tenir, c’est à dire, de le parler, et de le commenter.
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Info: https://www.fort-da.org/reportajes/vappereau-fr.htm
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