sécularisation

Notre éducation, qu’on le veuille ou non, a pris ses plus sûres racines dans le repoussement de cette communauté [catholique], considérée comme le modèle de tout despotisme, et dans la terreur qu’elle puisse revenir, si faible que soit ce "danger". Le despotisme est déjà repassé dix fois, vingt fois, sous d’autres masques, par d’autres portes, pendant que nous redoutions candidement sa résurrection là où était son tombeau.

L’écrivain occidental moderne, en général, consume ses belles années à conjurer une histoire d’Eglise qu’il dit avoir oubliée, mais à laquelle, pour ne plus l’affronter en détail, il adhère catastrophiquement en bloc. Quand les temples sont vides, c’est la société tout entière qui devient pour elle-même son propre temple. Quand la tombe tourbillonnante des saints des anciens paradis imaginaires n’est plus que le spectacle de fresques craquelées, c’est la masse des hommes qui, à sa place, vient profiler son abîme grouillant d’émeute sacrée. Passage du latent-sacré-ésotérique au manifeste-social-exotérique. Prières, prélats, génuflexions, conclaves, conciles, cathédrales, hosties, curés, apôtres, congrégations, encycliques, toute cette affaire n’a pas, elle non plus, échappé à la mondialisation ni à l’entropie, ni à l aloi de la remontée collective du refoulé : plus c’est partout, et moins c’est vu.

Auteur: Muray Philippe

Info: Ultima Necat, tome 1, Les Belles Lettres, 2015, Bloy, l’homme au secret, 1er septembre

[ ennemi déjà mort ] [ temps de retard ] [ aveuglement ] [ résurgence symptomatique ] [ occulto-socialisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

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