Ceux qui ont eu des parents naturistes savent très bien qu’il y a eu une période de leur vie où ça les a gênés et où, au lieu de stimuler leur sexualité à travers leur sensibilité, cela a stimulé une réactivité sexuelle qui ne faisait vibrer que le corps. Or, le corps et les sentiments doivent aller de pair. C’est toute une maîtrise de soi que d’arriver à l’âge adulte, avec à la fois désir et maîtrise du désir et responsabilité de ses actes. Pourquoi les humains cachent-ils par pudeur leur sensibilité sexuelle ? Justement parce qu’ils ne veulent pas être à la merci de tout un chacun qui, en voyant dans leur corps le signe de leur désir – un désir physique qui ne correspondrait pas à leur sensibilité, à leur éthique ou à leur intelligence – pourrait profiter d’eux. […] Ce qui distingue sur le plan sexuel les humains des animaux, c’est bien l’amour de l’autre associé au désir ; c’est l’éthique humaine qui réprouve le viol comme atteinte à la liberté de l’autre, et désir non accordé par le langage entre les partenaires.
Au moment des pulsions incestueuses de l’Œdipe, au moment de la puberté, les pulsions sexuelles peuvent déborder les barrières de la morale consciente et créer chez les individus des conflits existentiels. Ce sont des périodes sensibles, où le rôle des adultes vis-à-vis des jeunes qu’ils ont la charge d’aider à connaître et maîtriser leur désir n’est pas de profiter du trouble de la sexualité sans expérience des jeunes. A court terme, cela provoque séduction et dépendance, le contraire de l’autonomie et de l’accès au sens des responsabilités. A long terme, cela entraîne refoulement ou dérèglement de la sexualité, avec éventuellement des conséquences non seulement sur la génitalité adulte mais aussi pour l’équilibre de la personnalité et la confiance en soi, du fait des échecs culturels qui s’ensuivent.
Voilà pourquoi le parti pris nudiste de certains parents me semble aussi dangereux, dans l’éducation, que le parti pris du silence total concernant le corps et que l’absence d’information.
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Info: Lorsque l'enfant paraît, tome 1, éditions du Seuil, 1977, pages 162-163
Commentaires: 5
miguel
12.09.2025
ok
Coli Masson
10.09.2025
C'est extrapoler trop loin de la citasse.
miguel
09.09.2025
oui, c'est un genre de comparaison plutôt, au sens où les animaux ne sont pas habillés :-)