branlage

Sa petite bedaine sans muscle, trop grasse mais pourtant encore jeune apparaît entre son corsage trop court et la ceinture trop basse de son pantalon. J’allonge le bras vers elle suivant, pour une fois, un conseil de "lui" (Allez, va, une petite caresse gentille. Elle sera contente et moi aussi) et mes doigts s’approchent des gros plis circulaires dans lesquels est logé le périmètre de son ventre, disons, d’origine. Mon index s’introduit dans la fente du nombril que je gratte un peu de l’ongle. Fausta pousse un petit cri : "Tu me chatouilles. Ne fais pas ça.

- Tu m’aimes ?

- Oh oui, beaucoup, tu le sais bien."

Je prends la main de Fausta, je l’amène jusqu’à moi et je l’écrase sur "lui" : "Moi aussi je t’aime. La preuve."

Je remets mes deux mains sur le volant. Fausta sait ce qu’elle doit faire. Je sens tout de suite sa petite main courte et grasse qui fait sortir, l’un après l’autre, chaque bouton de sa boutonnière, s’introduit délicatement (avec la même délicatesse qu’elle sortait son sein de son soutien-gorge lorsqu’elle allaitait Cesarino), s’insinue jusqu’à "lui", déjà triomphant, le saisit avec une sorte d’insolence orgueilleuse, je dirai presque à la façon d’un maréchal qui empoigne son bâton de commandement. Pendant un instant elle ne bouge pas, elle "le" tient seulement très fort pour en évaluer le volume et la robustesse ; puis elle l’extrait de travers, difficilement comme quelqu’un qui veut faire passer une travée ou une échelle par une porte étroite. La lueur brutale des phares d’une automobile qui jaillit d’un virage nous aveugle ; effrayée, elle essaie de "le" cacher. Je la rassure : "N’aie pas peur, personne ne nous voit. Les conducteurs des voitures qui viennent vers nous sont aveuglés par mes phares. Serre-le bien fort, comme un bouquet de fleurs."

Auteur: Moravia Alberto

Info: Moi et lui, traduit de l’italien par S. de Vergennes, Flammarion, 1971, pages 229-230

[ masturbation ] [ femme-par-homme ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

Commentaires

No comments