En pénétrant dans la salle à manger, j’eus une espèce de choc. Je n’étais pas vraiment issu des classes populaires, contrairement à ce que je me plaisais à répéter à longueur d’interviews ; mon père avait déjà accompli la première moitié, la plus difficile, de l’ascension sociale – il était devenu cadre. Il n’empêche que je connaissais les classes populaires, j’avais eu l’occasion pendant toute mon enfance, chez mes oncles et tantes, d’y être immergé : je connaissais leur sens de la famille, leur sentimentalité niaise, leur goût pour les chromos alpestres et les collections de grands auteurs reliés en skaï. Tout y était, dans le pavillon de Vincent, jusqu’aux photos dans leurs cadres, jusqu’au cache-téléphone en velours vert : il n’avait visiblement rien changé depuis la mort de ses grands-parents.
Auteur:
Info: La possibilité d'une île, 2007, pages 146-147
Commentaires: 2
Coli Masson
02.09.2025
C'est ce que dit le personnage. Bouffon démago qui fait semblant d'être proche des classes populaires mais qui ne les connaît en fait que de loin et qui semble, lorsqu'il les découvre réellement, comme le montre l'extrait, en découvrir la réalité avec un peu de consternation. Mais j'apporte peut-être du texte au-delà de l'extrait.
miguel
01.09.2025
ah ah ah... avec socialiste idéaliste tu projettes-interprètes... sociologie, classe moyenne... me sembleraient plus adéquats