Dans l'amour, l'idéal du moi est projeté sur l'objet, puis "renforcé", réintrojecté, ce qui désarme le démon [du surmoi]. La conséquence en est la prépondérance d’Éros qui a aussi attiré à lui l'énergie indifférenciée de l'idéal du moi. Il s'ensuit le phénomène si souvent observé qui caractérise tout amour : celui–ci est à cent lieues de toute considération logique ou rationnelle. De là cette surestimation extravagante de l'objet d'amour qui fait penser à la folie. Derrière l'objet aimé se trouve à vrai dire le moi propre, plongé dans les délices de l'ivresse maniaque d'être aimé. Le moi qui a trouvé l'objet digne de représenter dans la réalité ce qu'il a de plus précieux sur terre : son idéal du moi.
Notre conception revient à dire en dernier lieu que l'amour représente une tentative pour restaurer l'unité narcissique et l'intégrité de la personnalité que le moi ressent comme menacée.
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Info: Transfert et amour, coécrit avec Edmund Bergler
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