Mais le gauchisme aussi a disparu. C’est-à-dire que, d’un côté, il y a l’électoralisme des partis de gauche, qui rend impossible l’idée même d’un changement fort et total, l’idée d’une révolution – depuis longtemps je pense que le parti communiste est le pire adversaire de la révolution – et, d’autre part, il y a l’aspect insurrectionnel du gauchisme, et celui-ci aussi a disparu. De sorte qu’à l’heure qu’il est on ne peut plus agir comme faisaient les gens de 68 dans une grève, dans une manifestation de rue, etc. ; ça ne signifie rien à l’heure qu’il est. On pourrait le faire, on pourrait très bien concevoir une manifestation qui irait à la Bastille, qui se ferait taper dessus par les flics, et qui peut-être en descendrait quelques-uns. Et puis après ? La situation resterait exactement la même. Tandis que ces actions avaient autrefois, pour la gauche – était-ce une illusion, c’est ce que nous devons discuter – quelque chose de satisfaisant. Et c’est fini. […] Les partis politiques comme la gauche socialiste ne font plus qu’un ensemble de mouvements que contrarient des luttes pour le pouvoir parmi les chefs, des conceptions du socialisme différentes, par exemple Mitterrand et Rocard.
Tout cela nous indique bien que l’unité de la gauche, qui était déjà très menacée par le fait de l’existence du parti communiste, à partir de 1920, est actuellement brisée. Avant 1914, la gauche était plus un grand mouvement de masse, avec des hommes qui pouvaient conduire un moment mais qui ne représentaient pas encore des chefs de parti.
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Info: L'espoir maintenant, entretiens avec Benny Lévy, 1980, éditions Verdier, 2007, pages 41-42
Commentaires: 3
miguel
15.08.2025
ok
Coli Masson
14.08.2025
Je ne vois pas le collectivisme là-dedans... Et j'y vois moins un problème d'embourgeoisement que de mégalomanie personnelle, ponctuelle, localisée, mais qui mine l'ensemble.
miguel
10.08.2025
collectivisme (pour pointer) embourgeoisement ?