Il [Martin Luther] avait du tempérament lui aussi. Et dans sa fosse à moines d’Erfurt sûrement que la faim et la soif de la justice le dévoraient. Mais le Bon Dieu n’aime pas qu’on touche à sa justice, et sa colère est un peu trop forte pour nous, pauvres diables. Elle nous saoule, elle nous rend pires que des brutes. Alors, après avoir fait trembler les cardinaux, ce vieux Luther a fini par porter son foin à la mangeoire des princes allemands, une jolie bande… Regarde le portrait qu’on a fait de lui sur son lit de mort… Personne ne reconnaîtrait l’ancien moine dans ce bonhomme ventru avec une grosse lippe. Même juste en principe, sa colère l’avait empoisonné petit à petit ; elle était tournée en mauvaise graisse, voilà tout.
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Info: Journal d’un curé de campagne
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