"Père ne vois-tu pas que je brûle?" Big Mother is back...
Le glissement vers une société de contrôle "totalitaire" que la crise sanitariste du covid-19 a mise à jour en mars 2020 a commencé en vérité il y a une cinquantaine d’années, avec l’élimination dans le code civil de la notion de droit paternel remplacé par celle de "droit parental" – déniant le réel de la différence sexuelle – et annonçant le retour, vingt-sept siècles après l’Orestie d’Eschyle, du matriarcat mino-mycéen, sous la forme du fantasme d’une Big Mother postmoderne, trônant sur ses quatre pieds idéologiques: lgbt-féminisme, antiracisme, écolo-climatisme, technologisme …comme autant de Denkverbot (interdit de penser) empêchant le sujet de se confronter au Réel de la castration.
Pourquoi le matriarcat qui s’annonce est-il bien pire que le patriarcat qu’il dénonce? C’est une question de surmoi.
L'injonction à la jouissance de nos sociétés contemporaines conduit les hommes à consacrer leur temps à une quête effrénée des plaisirs, certains sont désormais si obnubilés par leur allure, bronzage, musculation, massages, jogging, applications de crèmes, de lotions... que leur but premier qui était de vivre des expériences sexuelles intenses a fini par disparaître, non pas en regard d'un quelconque dispositif répressif lié à des prohibitions sociales, mais parce que le souci narcissique de Soi est devenu un but en soi.
L'utopie d'une subjectivité post-psychanalytique investie dans la conquête de nouveaux plaisirs et de nouvelles sensations corporelles a donc tourné en son contraire: le désintérêt d'un ennui sidéral, et il semble bien que désormais seule l'apparition de la douleur (les pratiques sexuelles sado-masochistes "hard") puisse encore ouvrir au sujet postmoderne la promesse d'intenses expériences de jouissance...
En ces temps de "féminisme" exacerbé où de soi-disant "psychanalystes" pris dans le discours dominant (sans rien vouloir en savoir) fustigent la notion du père, croyant attaquer le "patriarcat" (que Marx lui-même considérait depuis longtemps disparu...), rappelons que la "fonction paternelle" est une des inventions fondamentales de la psychanalyse, pour saisir le réel qui en sous-tend la notion, il suffit de relire le livre-testament de Freud: Moïse et le monothéisme...
"...copuler avec une femme, qu'elle porte ensuite quelque chose pendant un certain temps dans son ventre, que ce produit finisse par être éjecté - n’aboutira jamais à constituer la notion de ce que c’est être père au sens de procréer." (Lacan - Les psychoses)
Pour Lacan, le nom du père est ce qui permet au sujet d’articuler le désir et la loi, un enfant privé de ce qui s’appelle "fonction paternelle" (à ne pas confondre avec l’identité symbolique du géniteur) se trouvera dans les plus grandes difficultés de ne pas savoir faire la différence entre l’autre menaçant et l’autre protecteur...
L'effondrement des noms-du-père n'a-t-il pas comme conséquence logique le surgissement d'une loi beaucoup plus folle et féroce, un "surmoi maternel" qui n'interdit pas mais inflige la jouissance, l'obligation de jouir, en punissant l'échec social?
Ce surmoi maternel, par-delà toute identification possible, est ce qu'il y a de plus régressif, et Lacan lui-même l'évoque dans le séminaire sur les formations de l'inconscient comme "le surmoi maternel plus archaïque que le surmoi classique décrit à la fin de l'Œdipe": "Est-ce qu'il n'y a pas derrière le surmoi paternel, ce surmoi maternel, encore plus exigeant, encore plus ravageant, encore plus insistant dans la névrose que le surmoi paternel?"
"Un père n’a droit au respect, sinon à l’amour, que si le dit respect, le dit amour, est, vous n’allez pas en croire vos oreilles, père-versement orienté, c’est à dire fait d’une femme, objet a qui cause son désir." (Les non-dupes-errent, séance du 21 janvier 1975)
Lacan évoque trois conditions permettant à un homme d’être digne du mérite d'être "père"; avoir fait d’une femme la cause de son désir, une femme qui lui fasse des enfants, et de ceux-ci qu'il prenne soin paternel.
Dans la dernière leçon du séminaire L’angoisse, Lacan énonce son programme consistant à passer du Nom-du-Père aux noms du père... Il questionne alors le désir du père: "Dans la manifestation de son désir, le père, lui, sait à quel "a" ce désir se réfère. Contrairement à ce qu’énonce le mythe religieux, le père n’est pas causa sui, mais sujet qui a été assez loin dans la réalisation de son désir pour le réintégrer à sa cause." (Jacques Lacan, Le séminaire, Livre X, L’angoisse)
Le père qui parvient à réintégrer le désir à sa cause se trouve en position de transmettre le Nom-du-Père ; ayant réuni les conditions de possibilité de la transmission.
Cela met en évidence que l’effectuation de la métaphore paternelle n’est pas une opération dépendant uniquement du désir maternel...
Que le père soit digne de respect sinon de l’amour n’est pourtant pas une condition unique, et parfois certaines conditions énigmatiques de discours permettent l’accès à ce signifiant.
Cela relève de l’insondable dans la structure du sujet, et lui appartient en propre.
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Info: Publication facebook du 11 juillet 2025
Commentaires: 7
miguel
26.07.2025
Ok, simplifions, restons dans l'idée de tropisme genré... à l'image des prompts FLP spécialisés.
Coli Masson
21.07.2025
Disons que tu te compliques la tête pour rien... Si tu veux savoir ce qu'une femme pense de quelque chose, il existe tout simplement la recherche par sexe. Et le tropisme matriarcal n'existe pas puisqu'aucun texte que nous n'insèrerons ici ne sera matriarcal en ce sens qu'à ma connaissance, aucun texte n'est produit par une société matriarcale, puisque ça n'existe quasiment pas. En revanche, patriarcat et matriarcat en tant qu'étiquettes sont légitimes si le texte parle de ces sujets. Je reconnais qu'à l'heure actuelle, il peut y avoir des tendances "matriarcales" dans certains groupes féministes extrêmes mais je ne suis pas sûre que ça forme société, au contraire, ça conduit à une désagrégation complète de tout lien social.
miguel
21.07.2025
OK, merci pour les expliques, qui te dévoilent chouïa ;-)... "comme si autre chose d'humainement viable à travers le temps était possible" heu, là ne se situe pas la démarche je dirai, vu qu'elle est PRINCIPALEMENT d'ordre classificatoire, problématique déjà bien velue pour mon illusoire ego... avec grand évitement d'une volonté de conclure. Dans cette idée les prompts FLP, qui utilisent les IAs comme des outils, révèlent des trucs... et celui de "tropisme genré" a au moins le mérite d'exister, comme tous les autres. Tiens par exemple, voilà un bout de texte typiquement d'inspiration féminine, où tout n'est pas à jeter je pense https://filsdelapensee.ch/quote/500437 ...mais ne nous perdons pas là-dedans, disons que pour mes problématiques de recherches classificatoires dire que "masculin et le féminin sont présents en chaque homme et chaque femme." même si c'est vrai, est trop facile à dire, trop simple... il y a déjà les poncifs reconnus... mais d'autres tendances ce dégagent parfois dans ces phénomènes humains de verbalisation, projetés-modélisés via FLP... ils sont aussi à apprécier en terme de moirages-murmurations - les mêmes qu'on peut observer lors des grands vols d'étourneaux ou pour les grands bancs de poissons ;-)... des tendances générales donc