Il est donc vrai que le héros balzacien est généralement la proie d'une monomanie, c'est-à-dire d'un désir privé de tout complément qui s'ajouterait à ce désir. Mais il est vrai aussi que ce trait distinctif ne fait nullement de lui un mélancolique ou un dépressif. Bien au contraire c'est un enthousiaste, un entreprenant, un hyper-actif auquel le moindre temps manquerait s'il fallait consacrer une seconde au doute et à la mélancolie. Effectivement, tout le contraire d'un déprimé. Je dirais même que l'homme engagé dans l'entretien permanent d'une idée fixe, quel que puisse être par ailleurs le caractère aberrant de celle-ci, est probablement l'un des mieux protégés qui soit contre les pouvoirs dévastateurs de la dépression.
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Info: La nuit de mai, p.32
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