discussion philosophique

Et nous le [Alcibiade] voyons dans un concours [le Banquet] qui réunit en somme des hommes savants, graves - encore que dans ce contexte d’amour grec sur lequel nous allons mettre l’accent tout à l’heure qui apporte déjà un fond d’érotisme permanent sur lequel ces discours sur l’amour se détachent - nous le voyons donc qui vient raconter à tout le monde quelque chose que nous pouvons résumer à peu près en ces termes : à savoir les vains efforts qu’il a fait en son jeune temps - au temps où SOCRATE l’aimait - pour amener SOCRATE à le baiser.

Ceci est développé longuement avec des détails, et avec en somme une très grande crudité de termes. Il n’est pas douteux qu’il ait amené SOCRATE à perdre son contrôle, à manifester son trouble, à céder à des invites corporelles et directes, à une approche physique. Et c’est ceci qui publiquement est rapporté, par un homme ivre sans doute, mais un homme ivre dont PLATON ne dédaigne pas de nous rapporter dans toute leur étendue les propos. Je ne sais pas si je me fais bien entendre : imaginez un livre qui paraîtrait, je ne dis pas de nos jours, car ceci paraît environ une cinquantaine d’années après la scène qui est rapportée, PLATON le fait paraître à cette distance. Supposez que dans un certain temps - pour ménager les choses - un personnage qui serait, disons M. KENNEDY - dans un bouquin fait pour l’élite - KENNEDY qui aurait été en même temps James DEAN, vienne raconter comment il a tout fait au temps de son université pour se faire faire l’amour par - disons une espèce de prof - je vous laisse le soin, au choix, d’un personnage.

Il ne faudrait pas absolument le prendre dans le corps enseignant puisque SOCRATE n’était pas tout à fait un professeur. C’en était un tout de même d’un peu spécial. Imaginez que ce soit quelqu’un comme M. MASSIGNON et qui soit en même temps Henry MILLER. Cela ferait un certain effet. 

Auteur: Lacan Jacques

Info: 23 novembre 1960

[ contextualisation anachronique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

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