Et le corps lui-même, quoique par sa condition mortelle il nous assimile aux bêtes, et qu’il cède en vigueur à l’organisation de plusieurs d’entre elles, quel témoignage ne rend-il pas de la bonté de Dieu, de la providence de ce Créateur ? Le siège des sens, la disposition des organes, les proportions, la forme et la stature du corps tout entier, tout en lui n’annonce-t-il pas qu’il est fait pour le service d’une âme raisonnable ? Nous voyons les bêtes courbées contre la terre, mais l’homme n’a pas été créé ainsi ; sa taille droite, élancée vers le ciel, l’avertit d’élever ses désirs en haut. Et cette mobilité merveilleuse accordée à la langue et à la main pour parler et écrire, pour accomplir ce que l’industrie ou le devoir demande à notre activité ? Quelle est donc cette âme à qui il n’a fallu rien moins qu’un tel corps pour serviteur ? Bien qu’à vrai dire, et en dehors de toute nécessité d’action, il y ait entre toutes les parties une harmonie et une correspondance si belle et si juste, qu’il est douteux si l’on a tenu plus de compte en le formant de l’utilité, que la beauté ; car assurément nous n’y voyons rien de créé pour l’utilité, qui n’ait aussi son degré de beauté.
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Info: La cité de Dieu, volume 3, traduction du latin de Louis Moreau revue par Jean-Claude Eslin, éditions du Seuil, mai 1994, page 338
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