Le Fils unique de Dieu par nature, s’est fait pour nous, dans sa miséricorde, Fils de l’homme, afin que, enfant de l’homme par nature, nous devinssions en lui enfants de Dieu par grâce. Demeurant immuable pour nous recevoir, il a pris de nous notre nature et sans se dévêtir de sa divinité, il s’est revêtu de notre infirmité, afin que rendus au bien, tout ce que nous sommes de pécheur et de mortel, nous le perdions par la communion à son immortalité et sa justice, et que tout ce qu’il a fait de bon dans notre nature, se conserve et surabonde de bien dans la bonté de sa nature divine. Tombés par le péché d’un seul homme dans ce mal profond, c’est par la justice d’un homme, mais d’un Homme-Dieu, que nous nous élèverons à ce bien sublime. Et nul ne doit s’assurer d’avoir quitté le premier homme pour le second, avant l’entrée au port où la tentation n’est plus, avant la possession de la paix que cherchent les diverses péripéties de cette guerre cruelle où la chair convoite contre l’esprit et l’esprit contre la chair. Or, cette guerre ne serait pas, si la nature humaine, par l’usage de son libre-arbitre, eût persévéré dans sa rectitude primitive. Mais, heureuse elle n’a pas voulu la paix avec Dieu, et elle a, malheureuse, la guerre avec elle-même.
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Info: La cité de Dieu, volume 3, traduction du latin de Louis Moreau revue par Jean-Claude Eslin, éditions du Seuil, mai 1994, pages 252-253
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