Maintenant, nous apprenons à souffrir avec patience les maux dont les bons ne sont pas exempts, et à ne pas faire grand état des biens qui ne sont pas refusés aux méchants. Ainsi dans les mystères mêmes de sa justice, Dieu cache un enseignement salutaire. Nous ne savons pas en effet par quel jugement de Dieu, ce juste est pauvre, et ce méchant est riche, celui-ci, dans la joie, qui, selon nous, mériterait d’expier, par de cruelles douleurs, la corruption de ses mœurs, celui-là dans la tristesse, à qui une vie exemplaire devrait assigner le bonheur pour récompense.
[…] toutefois, il nous est salutaire d’apprendre à ne pas compter pour beaucoup les biens ou les maux que nous voyons être communs aux bons et aux méchants, à ne rechercher que les biens propres aux bons, à ne fuir que les maux propres aux méchants. Et quand nous serons arrivés à ce jugement de Dieu, dont le temps est proprement appelé le jour du jugement, et quelquefois le jour du Seigneur, les jugements de ce dernier jour et ceux du commencement et ceux qui seront encore prononcés jusqu’à la fin des temps, dévoileront tous leur justice profonde. Alors aussi il paraîtra combien est juste ce jugement de Dieu qui, presque toujours, dérobe au sens et à l’intelligence des mortels, le mystère de sa justice. Mais ce qui n’est pas un mystère pour la foi des âmes religieuses, il est juste que cela reste voilé.
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Info: La cité de Dieu, volume 3, traduction du latin de Louis Moreau revue par Jean-Claude Eslin, éditions du Seuil, mai 1994, pages 152-153
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