Quand ils [les philosophes] veulent que la vie du sage soit une vie de société, nous sommes avec eux bien plus d’accord. Comment en effet la cité de Dieu eût-elle pris naissance, comment se développerait-elle dans son cours ou atteindrait-elle à sa fin propre, si la vie des saints n’était pas une vie sociale ? Mais quels orages de maux, amoncelés pendant la tourmente de notre mortalité, fondent sur la société humaine, qui pourrait l’exprimer ? Qui pourrait le comprendre ? Ecoutez ; chez leurs poètes comiques un homme s’écrit : "J’ai épousé une femme ; quelle misère ! des enfants sont venus, autres soucis." [Térence, Adelphoe] Paroles senties et consenties de l’auditoire. Dirai-je les ennuis de l’amour, que le même Térence décrit ailleurs : "Les injures, les soupçons, les inimitiés, la guerre et puis la paix." [Eunuchus] Toutes choses humaines ne sont-elles pas livrées à ce désordre ? Et ne va-t-il pas jusqu’à envahir les plus honnêtes amitiés ? où ne pénètrent pas les injures, les soupçons, la guerre ? maux certains et sensibles.
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Info: La cité de Dieu, volume 3, traduction du latin de Louis Moreau revue par Jean-Claude Eslin, éditions du Seuil, mai 1994, pages 108-109
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