Elle avait seulement des yeux bleus, tout bleu profond comme une poupée de velours, des yeux chauds qui se dessinaient pourtant mal sous des paupières boursouflées et envahissantes.
Elle avait aussi une peau blanche et un peu molle qui n’attendait que du temps pour tomber en bajoues. C’est pas sa peau qui était belle. Ni son nez qui était bien quelconque, ni sa bouche non plus, qui riait d’un côté et méprisait de l’autre, ni ses trois petits poils follets qui bagarraient dans des reflets, ni son menton lourd et indéfini, ni ses gros nichons en poires, ni ses jambes non plus, grosses et bientôt molles, avec des chevilles ambitieuses qui partageaient déjà la gélatine du mollet… Peut-être bien qu’elle était vraiment laide, ma Paulette, mais elle avait ses yeux. Pas même ses yeux, son regard, ce petit rien qui brillait. Et puis ses cheveux bien souples et bien doux. Et puis je l’aimais.
Auteur:
Info: Les coups, éditions Gallimard, 1942, pages 179-180
Commentaires: 0