La première percée dans l’imaginaire des Français s’est en effet produite en octobre 2020, quand Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur, a accusé un député LFI d’islamo-gauchisme en plein hémicycle. Quelques jours plus tard, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a planté le clou : alors qu’il était interrogé sur le meurtre de Samuel Paty, il a dénoncé les " ravages de cette idéologie " qui " de loin en loin, mène au pire ", en ciblant directement l’organisation étudiante UNEF 7. Cependant la polémique est rapidement retombée.
Affaire classée ? Loin de là. C’était sans compter l’opiniâtreté de la chaîne CNews qui, en février 2021, relance le débat en invitant Frédérique Vidal à se prononcer sur ce concept jugé fondamental. La ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation répond alors que l’" islamo-gauchisme " " gangrène la société dans son ensemble, l’université n’est pas imperméable ". Trois jours plus tard, à l’Assemblée nationale, elle persiste et signe en annonçant demander au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) " un bilan de l’ensemble des recherches " qui se déroulent en France, afin de distinguer ce qui relèverait de la recherche académique et ce qui relèverait du militantisme islamo-gauchiste. Il n’en fallait pas plus pour lancer un débat national sur le sujet, le CNRS se fendant notamment d’un communiqué de presse au vitriol indiquant que l’islamo-gauchisme, " slogan politique utilisé dans le débat public, ne correspond à aucune réalité scientifique ".
Bref, cette intervention au plus haut niveau de responsabilité, ainsi que la réaction épidermique du milieu universitaire qui s’est ensuivie, a fourni à ce concept une visibilité inespérée. Frédérique Vidal a réussi à faire en deux semaines ce que l’extrême droite a peiné à faire en plus de quatre années : l’attention des Français et de la classe politique pour ce terme a été multipliée par 100 !
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