paradigme

Y a-t-il une vérité scientifique ? Visiblement, pour Claude Bernard, la nature de la connaissance scientifique ne pose aucun problème. Le savant possède deux instruments : l’observation et l’expérimentation. Appliquant ces deux instruments, il parvient à connaître ce qui, dans les choses, de prime abord, ne se perçoit pas. La nature renferme toute vérité possible, mais caché par le voile des apparences. Il suffit d’aller la chercher derrière ce voile. Lorsque l’opération est terminée, le résultat s’appelle une vérité scientifique. Je connais ce qui se passe réellement dans les choses alors qu’auparavant, je l’ignorais. La recherche scientifique est assurément très difficile, mais la nature de la connaissance obtenue va de soi. La notion de vérité scientifique paraît tout à fait évidente, à tel point que scientifique est devenu synonyme de vrai. Or, si cette attitude était encore possible au XIXe siècle, elle ne l’est plus aujourd’hui. Que connaissons-nous quand nous connaissons scientifiquement ? Peut-on appeler cela une vérité ? Questions inconcevables il y a cinquante ans, tout à fait banales aujourd’hui. Il serait même possible de soutenir ce paradoxe, que plus on observe et expérimente, moins on connaît. Le progrès technique ne constitue en rien une réfutation de ce paradoxe, car il ne repose pas sur la connaissance d’une vérité de la chose, mais sur l’expérience de son usage. Est-ce connaître la vérité d’une réalité physique donnée que d’en connaître le "comportement" dans une situation déterminée ?

Auteur: Borella Jean

Info: Tradition et modernité, L'Harmattan, Paris, 2023, page 45

[ discours dominant ] [ superficiel ] [ autorité ] [ question ]

 

Commentaires: 2

Ajouté à la BD par Coli Masson

Commentaires

miguel, filsdelapensee@bluewin.ch
2024-12-31 10:34
théorie-pratique, savoirs transitoires, question ?
Coli Masson, colimasson@live.fr
2024-12-31 11:52
Plutôt que théorie-pratique, peut-être déduction ? quoique la science fonctionne aussi bcp par induction...