Connaître, c’est connaître un objet. Là où il y a intention noétique – ou spéculative, ou théorétique – il y a nécessairement un objet. Si l’on retire tout objet à l’intention noétique, peut-elle demeurer longtemps suspendue dans le vide ? Nous entendons bien que c’est là l’entreprise propre de Kant, et qu’il fait justement de l’analyse de l’intention noétique, envisagée comme une pure forme, l’étude privilégiée du philosophe, mais nous nous demandons si là n’est pas la plus grave des illusions, et si cette analyse est possible autrement que par une réification des formes de la connaissance qui jouent alors le rôle de véritables objets.
[…] A suivre Kant on est donc conduits, qu’on le veuille ou non, à nier toute philosophie spéculative. Et comme il faut bien un objet à l’activité philosophique, au philosopher, on dira que c’est l’homme, et la philosophie devient purement morale ou pratique. Que tel soit bien le véritable centre du kantisme, c’est ce dont nous ne saurions douter.
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Info: Tradition et modernité, L'Harmattan, Paris, 2023, pages 42-43
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