insidieux impérialisme

Près de six mille habitants furent expulsés en 1967 à la suite de la conquête par Israël de la zone pendant la guerre des six jours, hors délimitation du partage de la Palestine décrété par l'Organisation des Nations Unies (ONU) en 1948. Cette année-là, la quasi-totalité des habitations est rasée, et cinq ans plus tard, à l'ouverture du parc en 1972, le jeune couvert végétal efface toute trace de présence palestinienne. " Tout est présenté comme si les Palestiniens n'avaient jamais existé ", commente Ghada Sasa, auteure d'une thèse sur le colonialisme vert en Palestine à l'université McMaster (Canada).

L'histoire du parc Ayalon-Canada n'est pas un cas isolé. Les parcs, forêts et réserves naturelles israéliens renferment près de deux cents villages palestiniens démolis, d'après une enquête menée par la chercheuse israélienne Noga Kadman, auteure d'un livre sur la destruction des villages arabes en 1948.

En plus de dissimuler cette histoire moderne, le boisement empêche également le retour des populations palestiniennes expulsées. Élaborées à la manière de remparts végétalisés permettant de maintenir la présence israélienne, les forêts servent à délimiter les frontières de l'État jusqu'en territoire colonisé. " Planter un arbre, c'est planter sa présence dans le paysage. Cela permet aussi de s'installer sans que cela soit directement associé à une forme de violente dépossession ", explique Irus Braverman. " En d'autres termes, le déracinement de l'un permet l'enracinement de l'autre dans cette région. " Dans certains cas, les arbres ont servi d'outils d'occupation temporaire, en attendant d'être remplacés par des habitations ou d'autres infrastructures.

Pour lutter contre cette amnésie délibérée, l'Organisation Non Gouvernementale (ONG) israélienne Zochrot [" se souvenir " en hébreu] s'est donné pour mission depuis plus de vingt ans de sensibiliser la population israélienne à l'histoire et aux conséquences de la Nakba.

Auteur: Delpuech Aïda

Info: En Israël, l'arbre est aussi un outil colonial, Le Monde diplomatique n°847, octobre 2024.

 

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