Il n’y a rien en dehors de l’Identité et donc il ne peut rien y avoir. C’est pourquoi l’Altérité, qui fonde et dénonce l’illusoire extériorité de l’Affirmation principielle, ramène et résorbe cette Affirmation dans l’Identité pure, par son altérité même ; car l’Altérité, dans son essence sur-intelligible, est toujours autre qu’elle-même. L’Autre est Autre, et n’est autre que le Même ; il est permanente inversion de son inversion, absolue négation de sa négation absolue. Nous voyons alors que seule l’Identité suprême qui est au-delà des essences, au-delà de l’Être et du Non-Être, est à Elle-même son propre analogue ; Elle est la pure Analogie. Le sage remonte des ombres de la caverne, qui sont les objets sensibles, aux Idées, dont ces objets sensibles sont l’analogue direct, et des Idées au Soleil du Bien, sur-intelligible, par-delà l’ontologie des essences qui le manifestent en mode direct. Mais, dit-on, il doit redescendre dans la caverne. En réalité, dans cette redescente, il ne quitte plus le Soleil sur-intelligible et sur-essentiel, car il comprend que ce qui rend possible cette analogie directe, c’est, plus profondément, le principe d’analogie inverse, puisque, si les essences peuvent être reflétées dans le miroir de la khôra, c’est que d’une certaine manière, elles ne sont pas l’Être suprême, de telle sorte que le monde sensible, par tout le non-être dont il est mêlé, témoigne du caractère encore illusoire du monde intelligible dont il est le reflet direct et le ramène au sur-intelligible.
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Info: Penser l'analogie, L'Harmattan, Paris, 2012, page 213-214
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