Les fleuves atmosphériques migrent vers les pôles, transformant le climat mondial
(Photo : Un satellite capture une vue du Pacifique avec des nuages illustrant le mouvement de la rivière atmosphérique " Pineapple Express " se dirigeant vers la côte ouest des États-Unis. )
Les fleuves atmosphériques, de puissants courants de vapeur d’eau en suspension dans l’atmosphère, se déplacent de façon inattendue depuis plusieurs décennies, modifiant ainsi les régimes de précipitations et le climat à l’échelle mondiale.
Qu’est-ce qu’un fleuve atmosphérique ?
Ce sont de vastes courants de vapeur d’eau qui circulent dans l’atmosphère et transportent des quantités d’humidité comparables aux plus grands fleuves terrestres, comme le Mississippi. Ces rivières célestes peuvent s’étendre sur plusieurs milliers de kilomètres de long et jusqu’à quelques centaines de kilomètres de large, concentrant l’humidité sur des bandes étroites de l’atmosphère.
Ces structures atmosphériques jouent un rôle essentiel dans la redistribution de l’eau autour de la planète. En effet, elles captent l’humidité au-dessus des océans tropicaux et la transportent vers des régions terrestres situées à des latitudes plus élevées. Lorsque ces flux d’humidité entrent en contact avec une barrière naturelle telle qu’une chaîne de montagnes ou une zone côtière, ils se condensent et libèrent alors leur humidité sous forme de pluie ou de neige. En agissant comme une pompe naturelle, les rivières atmosphériques contribuent ainsi non seulement à alimenter les sols et les rivières, mais influencent aussi les écosystèmes locaux et les pratiques agricoles, tout en régulant les niveaux d’eau souterraine et les ressources disponibles pour les habitants.
En raison de leur impact majeur sur la répartition des précipitations, un changement dans leur trajectoire ou leur intensité pourrait avoir des conséquences profondes sur les écosystèmes et les sociétés qui en dépendent, ce qui nous ramène à cette étude.
Un changement de trajectoire inattendu
Dans le cadre de travaux récents, des chercheurs de l’Université de Californie à Santa Barbara ont analysé les données des quarante dernières années et ont observé un déplacement de ces rivières vers les pôles d’environ six à dix degrés dans chaque hémisphère. Cela signifie que les zones habituellement traversées par ces courants de vapeur d’eau se situent maintenant plus au nord dans l’hémisphère nord et plus au sud dans l’hémisphère sud.
Les scientifiques estiment que le refroidissement du Pacifique tropical oriental, constaté sur la même période, pourrait être une des causes de ce déplacement, bien que les mécanismes précis derrière ce phénomène restent encore largement inconnus.
Quels impacts pour notre climat ?
Le changement de trajectoire des rivières atmosphériques pourrait avoir des effets profonds sur les régimes de précipitations mondiaux. En déplaçant leurs trajets vers les pôles, les régions traditionnellement alimentées en eau par ces structures pourraient connaître une diminution des précipitations, tandis que d’autres régions plus au nord ou plus au sud pourraient voir leurs précipitations augmenter de manière significative.
L’effet de ces rivières atmosphériques n’est également pas limité aux terres : les chercheurs indiquent en effet que ces changements pourraient aussi modifier les océans. La redistribution des précipitations et des courants d’air pourrait notamment affecter la température de l’eau et les courants marins qui jouent un rôle clé dans la régulation du climat mondial. Cela pourrait avoir des répercussions imprévues sur la biodiversité marine et même sur les écosystèmes terrestres qui dépendent des courants océaniques pour leur climat local.
Ce changement de trajectoire des fleuves atmosphériques est un phénomène complexe et encore largement méconnu. Les chercheurs s’efforcent encore d’en comprendre les causes et les conséquences à long terme. Étudier le comportement de ces structures sera essentiel pour mieux anticiper les variations climatiques et préparer les communautés aux impacts de ce déplacement.
Auteur:
Info: Brice Louvet, 28 octobre 2024
Commentaires: 0