Raison de notre sévérité à l’égard des autres et de notre indulgence envers nous-mêmes : nous ne nous identifions jamais à nos actes bas ou médiocres ; nous savons (ou nous supposons) qu’il existe en nous une densité, une profondeur, une substance que nos actes n’épuisent pas et qui peut toujours produire des actes meilleurs. Tandis que, dans le prochain, nous ne percevons que les actes et, quand ces actes nous choquent ou nous déçoivent, nous sommes instinctivement tentés de les confondre avec la personne, de nous imaginer, par exemple, que l’envieux n’est qu’envie, le débauché que débauche, le médiocre que médiocrité. Nous savons que nos actes ne sont que des accidents ; des actes du prochain, nous faisons volontiers des substances.
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Info: Notre regard qui manque à la lumière, Librairie Arthème Fayard, 1970, page 190
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