La clarté offerte par le logiciel en tant que métaphore - et le pouvoir prétendument offert à ceux qui connaissent le logiciel - devrait nous faire réfléchir, car le logiciel engendre également un sentiment de profonde ignorance. Les logiciels sont extrêmement difficiles à comprendre. Qui sait vraiment ce qui se cache derrière nos interfaces souriantes, derrière les objets que nous cliquons et manipulons ? Qui comprend parfaitement ce que fait son ordinateur à un moment donné ? Le logiciel comme métaphore de la métaphore perturbe le fonctionnement habituel de la métaphore, c'est-à-dire la clarification d'un concept inconnu par un concept connu. En effet, si le logiciel éclaire un inconnu, il le fait par le biais d'un inconnaissable (le logiciel). Ce paradoxe - cette volonté de saisir ce que nous ne connaissons pas à travers ce que nous ne comprenons pas entièrement... n'affaiblit pas l'attrait du logiciel, mais le justifie plutôt. La combinaison de ce qui peut être vu et non vu, de ce qui peut être connu et non connu - la séparation de l'interface et de l'algorithme, du logiciel et du matériel - en fait une puissante métaphore de tout ce que nous croyons invisible et qui pourtant produit des effets visibles, de la génétique à la main invisible du marché, de l'idéologie à la culture. Chaque utilisation implique un acte de foi.
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Info: Programmed Visions : Software and Memory
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