Le cœur encore vierge et qui se croit lésé
Réclamera la part que veut sa destinée,
Appelant à grands cris les stériles baisers
Du décevant amour pour lequel l’âme est née.
Le cœur plus grave sait, parce qu’il a souffert
Du désir immortel d’une forme éphémère,
Que toute étreinte est vide et que l’amour se perd
Avant qu’il ait jamais possédé sa chimère.
Si la pluie, au printemps, ranime les gazons,
Elle fera mourir, en automne, les feuilles,
Il est vain de chercher d’inutiles raisons
Au fragile destin du plaisir que l’on cueille.
Il faut tendre la voile au premier vent du ciel ;
Il faut saisir le fruit alors qu’il se détache,
Lorsqu’on trouve l’amour, il est essentiel
De détourner les yeux de l’ombre qu’il nous cache.
Auteur:
Info: L'horizon chimérique, éditions de la Table Ronde, 2013
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