psychose

Ce surmoi médusant, il me semble qu’on pourrait le repérer comme étant ce qui est à l’œuvre dans l’univers de certains psychotiques, c’est-à-dire un univers dans lequel le sujet est littéralement médusé, c’est-à-dire sous le regard de cette Méduse qu’est son Autre... je vous rappelle que sous le regard de la Méduse un sujet est pétrifié, c’est-à-dire que pour l’éternité, il n’y a plus de temps, il n’y a plus de diachronie, pour l’éternité il est figé, il perd la disposition du mouvement langagier ou du mouvement corporel ...on peut ajouter que le psychotique, pensez au petit Dick dans le Séminaire II, est un être qu’on pourrait dire invisible, il se considère comme invisible en tant qu’il serait regardé de partout.

Vous entendez effectivement certains schizophrènes qui qualifient ce regard qui vient de partout, ils sont regardés par les animaux, par tous les gens qu’ils croisent dans le métro, par le soleil, par les étoiles. Le problème, c’est que ce regard médusant, ce regard qui serait le surmoi le plus féroce, le plus archaïque qui soit, qui ne donne pas la possibilité d’un mot, parce que sous le regard l’Autre dit :

"Je sais tout de toi, tu n’as rien à dire, puisque mon regard fonctionne comme ce savoir absolu",

Le sujet n’est plus dans la dimension d’une supposition quelconque dans son rapport à l’Autre. Je vous ferai remarquer, ça mérite tout de même la peine d’être marqué, que le regard chez le psychotique, par opposition au Surmoi chez le névrosé, participe, en tout cas dans la Traumdeutung, participe de l’inconscient, la censure est inconsciente en partie et c’est pour cela que Freud l’a isolé très tardivement.

[...] C’est extrêmement net chez Freud, il en décrit dans le délire l’influence où cette instance qui surveille, qui ne cesse d’observer, qui a sans cesse à l’œil, c’est une dimension d’une présence qui n’attend pas une parole de l’Autre, puisqu’elle met l’Autre, le psychotique, en position, non pas de parler, mais de se montrer, et c’est ça la dimension monstrueuse de la monstration.

Auteur: Didier-Weill Alain

Info: La topologie et le temps, intervention lors du séminaire de Jacques Lacan, 8 mai 1979

[ intériorisation ] [ paranoïa ]

 

Commentaires: 4

Ajouté à la BD par Coli Masson

Commentaires

miguel, filsdelapensee@bluewin.ch
2024-01-04 09:07
folie, mise en boucle, dépersonnalisation ?
Coli Masson, colimasson@live.fr
2024-01-05 14:43
Folie est un peu vague.
Je ne vois pas ce que veut dire mise en boucle.
Dépersonnalisation ne veut rien dire en psychanalyse.
miguel, filsdelapensee@bluewin.ch
2024-01-06 10:00
"rien dire en psychanalyse" je comprends, cependant FLP a une certaine transversalité (ouverture) pour but. C'est à dire qu'il y est considéré que le langage prime (les mots surtout) sur tout le reste... Donc en tentant d'éviter ce que je nommerai "étalonnage lexicologique interne" qui déciderait que tel ou tel terme est exclusif à un domaine, la psycha par exemple... Ce qui "ferme" en quelque sorte le corpus FLP. Si ce texte se veut, et est, d'ordre psycha, son auteur et son sens sémantique véritable suffisent amplement. Non ?
Coli Masson, colimasson@live.fr
2024-01-17 14:58
Oui, ils se suffisent amplement.