[...] depuis la fin de son enfance, il avait si rarement éprouvé le sentiment d’être vivant qu’il lui semblait absurde de se priver d’un bien qu’il n’avait presque jamais possédé. Il valait mieux guetter dans l’ombre, et attendre. Attendre. Ne pas se décourager, surtout. Devenir presque invisible. Jouir de sa propre disparition. Ne pas s’affoler. Il finirait bien par se passer quelque chose. La bête, dans la jungle, finirait bien par se réveiller, et bondir. Alors, l’horreur symétrique, l’atroce machinerie du temps seraient vaincues.
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Info: "L'ombre des forêts", éditions L'Atteinte, Metz, 2022, page 78
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