Je me célèbre moi-même, me chante moi-même,
Toi tu assumeras tout ce que j'assumerai,
Car les atomes qui sont les miens ne t'appartiennent pas
moins.
Je flâne, j’invite mon âme à la flânerie,
Flânant, m'incline sur une tige d'herbe d'été que j'observe
à loisir.
Ma langue, l'ensemble des atomes de mon sang, façonnés par le sol d'ici même, l'air d'ici même,
Ma naissance, ici même, de parents eux-mêmes nés ici, comme les parents de leurs parents avant eux,
Trente-sept ans ce jour, santé parfaite, je commence,
Comptant bien ne plus m'interrompre avant la mort.
Congédiés les credo, congédiées les écoles,
Ayant pris mesure exacte d’eux sans mépris mais avec du recul,
J’accueille, est-ce un bien est-ce un mal, je laisse s’exprimer sans fin
La nature hasardeuse dans sa vierge énergie.
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Info: Dans "Feuilles d'herbe", Chanson de moi-même, traduction Jacques Darras, éditions Gallimard, 2002, page 63
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